mardi 17 novembre 2015

Libre d'apprendre BLOG29, Le jeu nous rend humain 5, Pourquoi le travail des chasseurs-cueilleurs est du jeu

Le jeu nous rend humain 5, Pourquoi le travail des chasseurs-cueilleurs est du jeu
En le rendant optionnel, les chasseurs-cueilleurs font du travail un jeu.


Notre mot "travail" a deux significations. Il peut désigner une activité désagréable ou il peut signifier toute activité productive et utile en dépit du fait que cette activité soit agréable ou non. La première signification est à l'opposé du jeu tandis que la deuxième ne l'est pas. Nous utilisons le même mot pour les deux significations car j'imagine que dans l'histoire de notre culture les deux sens se sont chevauchés. Les activités productives réalisées par des esclaves, des serviteurs et des employés qui n'ont pas le sentiment d'avoir le choix à propos de ce qu'ils font est en fait du travail qui répond aux deux significations que l'on lui donne.


Pour distinguer les deux concepts, nous pouvons penser à eux de manière séparée, nous pouvons utiliser le terme "corvée" pour le premier (qui n'est pas une activité plaisante) et le travail pour le deuxième. En utilisant cette terminologie, la corvée est l'opposée du jeu, tandis que le travail ne l'est pas. Le travail peut être une corvée ou il peut être un jeu, ou il peut se trouver quelque part entre les deux.


Dans "l'essai précédent", j'ai décrit les caractéristiques du travail et les attitudes à son égard qui permettent à de nombreuses personnes dans notre société aujourd'hui de faire l'expérience de leur travail comme un jeu. Maintenant je vais prolonger ces idées en décrivant la façon dont les chasseurs-cueilleurs maintiennent leur subsistance sans avoir de corvées.


Comme je l'ai fait remarqué dans "l'essai d'introduction", toute cette série sur "Le jeu nous rend humain" a été inspirée par mon immersion dans mes recherches sur les sociétés de chasseurs-cueilleurs en bande. Qu'elles aient été étudiés dans des parties isolées de l'Afrique, de l'Asie, de l'Amérique du sud, de l'Australie ou d'ailleurs, toutes ces sociétés ont révélé une qualité d'esprit de jeu extraordinaire. Aujourd'hui, de telles sociétés ont pratiquement toutes été détruites ou alors se trouvent dans une période de transition vers quelque chose de complètement différent. Bien qu'il n'existe maintenant que des vestiges, j'utilise le temps présent (parfois appelé le "présent anthropologique") pour les décrire. Dans des essais précédents, j'ai montré :
(a) comment les enfants de chasseurs-cueilleurs s'éduquent eux-même à travers le jeu;
(b) comment les chasseurs-cueilleurs utilisent le jeu et l'humour pour maintenir un système social et économique fondé sur des principes de partage, de coopération, d'autonomie individuelle et d'égalité;
et (c) comment l'esprit de jeu se propage dans les croyances et pratiques religieuses des chasseurs-cueilleurs de manière à renforcer leur approche de la vie égalitaire.


D'une manière générale, les chasseurs-cueilleurs ne connaissent pas le concept de corvée. Quand ils connaissent ce concept c'est qu'il vient généralement de leurs contacts avec les étrangers. Ils peuvent se référer au mot de corvée pour faire référence au travail de leurs voisins fermiers, mineurs ou constructeurs de routes mais ils ne l'appliquent pas à leur propre travail. Leur propre travail est simplement une extension du jeu des enfants. Les enfants jouent à la chasse, à la cueillette, à la construction de hutte, à la conception d'outils, à la préparation des repas, à la défense contre les prédateurs, à l'accouchement, au soin des enfants, à la guérison, à la négociation et ainsi de suite jusqu'à ce que les activités de leurs jeux deviennent progressivement efficaces et productives. Le jeu devient alors du travail sans pour autant cesser d'être du jeu. Il est même bien plus amusant qu'avant car la production de qualité aide d'autres personnes et est valorisée par la totalité du groupe.


Mes lectures concernant la vie au sein de différentes cultures de chasseurs-cueilleurs m'ont conduit à la conclusion que leur travail est du jeu pour quatre raisons principales :
(1) Il est varié et nécessite beaucoup d'intelligence et de compétences.
(2) Il n'occupe pas beaucoup de temps.
(3) Il est réalisé dans un contexte social, avec des amis.
(4) (Qui est le plus significatif), Il est optionnel à tout moment et pour qui que ce soit.
Je vais développer chacun de ces points.


Le travail des chasseurs-cueilleurs est du jeu parce qu'il est varié et demande beaucoup de compétences, de connaissances et d'intelligence


En dehors de la distinction générale entre les hommes principalement chasseurs et les femmes principalement cueilleurs (une distinction qui est remarquable dans la plupart mais pas dans toutes les sociétés de chasseurs-cueilleurs), les chasseurs-cueilleurs ne se spécialisent pas. Tout le monde est impliqué dans la plupart des activités de l'économie de la société. De plus chacune de ces activités nécessite de grandes compétences, connaissances et capacité à prendre des décisions.


Les anthropologues se sont émerveillé devant l'immense intelligence et les nombreuses compétences montré par les chasseurs-cueilleurs durant leurs chasses. Les outils de la chasse, tels que les arcs et les flèches, les sarbacanes et les fléchettes, les lances ou les filets, doivent être confectionnés à la perfection et les compétences pour utiliser ces outils de manières efficaces doivent être développés pendant des années à jouer avec eux. Les chasseurs doivent aussi apprendre les habitudes d'environ deux cents à trois cents différentes espèces de mammifères et d'oiseaux qu'ils chassent ce que les enfants font en faisant des jeux d'imitation des animaux qui les entourent. Ils apprennent à identifier chaque animal aussi bien par la vue que par leurs sons ou leurs traces.


Un livre a été écrit en présentant la thèse que le pistage du gibier par les chasseurs marque l'origine de ce que nous appelons aujourd'hui la science. [2] Les chasseurs utilisent les marques qu'ils voient dans le sable, la boue ou les feuilles comme indice en les combinant avec leurs connaissances accumulées et leurs expériences passées pour développer et tester des hypothèses à propos de sujet tel que la taille, le sexe, la condition physique, la vitesse de mouvement, et le temps de passage de l'animal qu'ils pistent. Pour décrire les capacités de pistage des chasseurs-cueilleurs Jul'hoansi du désert Kalahari d'Afrique, Alf Wannenburgh a écrit: "Tout est constaté, examiné et discuté. La simple marque étrange sur un brin d'herbe, la direction de quelques branches écrasées dans un buisson, la profondeur, la taille, la forme et la disposition des empreintes au sol, tout cela révèle des informations à propos de la condition de l'animal, de la direction dans laquelle il se dirige, la vitesse de son allure et les possibilités de ses futurs mouvements." [3]


La cueillette de denrées alimentaires demande tout autant de connaissances et de compétences. Les chasseurs-cueilleurs doivent savoir quels sont parmi l'innombrable variété de racines, de tubercules, de noix, de céréales, de fruits et légumes de leur région sont comestibles et nutritifs, quand et où les trouver, comment les atteindre (lorsqu'il faut creuser pour des racines et des tubercules), comment extraire la partie comestible de manière efficace (dans les cas des céréales, des noix et certaines plantes fibreuses) et dans certains cas comment les transformer pour les rendre comestible et plus nutritif qu'ils ne le seraient sans cela. Ces compétences comprennent des compétences physiques qui ont été perfectionné par des années de pratique et aussi la capacité à se souvenir, à utiliser, à ajouter et à modifier une réserve de connaissance verbale partagée immense.


Dans notre société aussi, le travail qui est varié et qui demande de nombreuses compétences et connaissances, ainsi que la capacité à prendre beaucoup de décision est un travail qui est considéré bien plus comme un jeu que comme un travail routinier. La chaîne d'assemblage est l'ennemie du travail vécut comme un jeu. Heureusement avec les robots pour faire des travaux d'assemblages, les activités les moins amusantes peuvent être laissées derrière nous, et nous allons dans un monde dans lequel le travail, une fois encore a le potentiel d'être du jeu.


Le travail des chasseurs-cueilleurs est du jeu parce qu'il n'y en a pas une grande quantité.


Les anthropologues ont souvent montré que le travail des chasseurs-cueilleurs demandait beaucoup de compétences mais pas beaucoup de corvées répétitives. Les études de recherche suggèrent que le travail des chasseurs-cueilleurs nécessite entre 20 à 40 heures de travail par semaine en moyenne selon ce que l'on considère comme du travail. De plus, ils ne travaillent pas en suivant des horaires, ils travaillent quand le temps est propice pour que le travail soit fait et le font quand ils se sentent de le faire. Il y a un temps important durant lequel les chasseurs-cueilleurs vivent pour la réalisation d'activité de loisir, comme des jeux de toutes sortes, des cérémonies religieuses ludiques, la réalisation et l'utilisation d'instrument de musique, le chant, la danse, les voyages vers d'autres bandes pour visiter des amis et de la famille, le commérage ou encore simplement prendre du temps pour se poser et se relaxer. La vie d'un chasseur-cueilleur typique ressemble beaucoup à notre vie lorsque nous prenons des vacances dans un camping avec des amis.


Il est incroyable de constater que durant les 10,000 années qui suivent le début de l'agriculture et de l'industrie, nous avons développé un grand nombre de dispositifs pour nous faciliter la tâche alors que nous n'avons pourtant pas réduit nos corvées. Aujourd'hui, la plupart des personnes passent plus de temps à travailler que ne le font les chasseurs-cueilleurs et notre travail a d'une manière générale beaucoup moins l'esprit du jeu.


Le travail des chasseurs-cueilleurs est du jeu parce qu'il est réalisé dans un contexte social entouré d'amis.


Nous sommes une espèce très sociale. Nous aimons être avec d'autres personnes, particulièrement avec ceux qui nous connaissons bien et nous aimons faire ce que nos amis font. Les chasseurs-cueilleurs ont des vies très sociables. Pratiquement toutes leurs activités sont publiques. La plupart de leur travail est réalisé de manière coopérative et ce qui est réalisé individuellement l'est aussi dans des environnements sociaux, entouré des autres. Et parce que les chasseurs-cueilleurs sont des personnes particulièrement mobiles qui se déplacent vers un autre groupe s'ils n'aiment pas les personnes avec lesquels ils vivent. Les groupes sont constitués sur la base de véritables amitiés. En général nous humain, ce que nous faisons avec des amis à un esprit de jeu plus important que si nous le faisions seul ou avec des collaborateurs qui ne sont pas vraiment des amis.


Les hommes chassent généralement d'une manière qui nécessite le travail d'équipe et les femmes cherchent la nourriture en groupe. Wannenburh, qui a étudié ces dernières au sein d'un groupe Jul'hoansi, a écrit : "Dans ce que nous avons expérimenté, toutes les expéditions de cueillette étaient des évènements joyeux. Ils avaient le don de transformer un travail de routine en des occasions sociales, il y avait souvent une ambiance de sortie de pique-nique avec les enfants." [4] Dans une description des moyens qu'utilisent les Bateks pour choisir une tâche ou former un groupe de travail chaque jour, Kirk Endicott a écrit : "Il peut s'agir d'un groupe totalement différent que celui du jour précédent car les Bateks aiment la variété à la fois dans leurs travails et chez leurs compagnons." [5]


Les chasseurs-cueilleurs réalisent une activité productive d'une manière ludique parce que chaque personne choisit s'ils le font ou pas et si oui, quand et comment.


Et maintenant j'atteins l'ingrédient du jeu le plus déterminant, le sentiment de choix. Le jeu, par sa définition est optionnel, c'est quelque chose que l'on choisit de faire et non quelque chose que l'on doit faire. Comment les chasseurs-cueilleurs conservent le sentiment d'avoir le choix concernant le travail qu'ils font ?


Il est clair que dans un sens ultime, le travail des chasseurs-cueilleurs n'est pas optionnel. En tant que groupe, ils doivent chasser, cueillir, fabriquer des outils, construire des huttes et ainsi de suite s'ils veulent survivre. Toutefois, pour chaque personne et chaque jour, tout cela est optionnel. Comme je l'ai noté dans mes essais précédents, les chasseurs-cueilleurs, où qu'ils se trouvent, conservent une extraordinaire éthique d'autonomie personnelle à un degré tel qu'il semble, selon nos normes, particulièrement extrême. Ils évitent délibérément de dire aux autres comment ils doivent se comporter, que ce soit au travail ou dans n'importe quel autre contexte. Chaque personne est son propre chef.


À n'importe quel jour dans un camp de chasseurs-cueilleurs, un groupe de chasse ou de cueillette peut se former. Le groupe est constitué seulement de ceux qui veulent chasser ou cueillir ce jour même. Le groupe décide collectivement où est-ce qu'ils iront et comment ils approcheront leur tâche. Quiconque est mécontent de la décision prise est libre de former un autre groupe, d'aller chasser ou cueillir seul, de rester au camp toute la journée ou de faire toute autre activité à condition qu'elle ne perturbe pas les autres. Il n'y a pas de punition pour avoir fait marche arrière. Une personne qui ne chasse ou ne cueille pas recevra tout de même sa part de toute la nourriture qui serait ramenée. En adoptant cette stratégie, les chasseurs-cueilleurs évitent d'être freiné dans leurs recherches de nourriture par quelqu'un qui serait là seulement à contre-coeur et aurait une mauvaise attitude en conséquence. Et comme ils adoptent cette stratégie, tous les membres du groupe peuvent faire l'expérience de la chasse ou de la cueillette d'une manière ludique.


À n'importe quel jour, un membre du groupe peut rejoindre un groupe pour chercher de la nourriture ou visiter un ami dans un autre camp, ou simplement rester au camp et se détendre selon ce qu'il ou elle sent qu'elle veut faire. Une telle liberté ouvre la possibilité d'une forme de parasitisme par les individus qui choisissent de ne pas chasser ou de ne pas cueillir pendant une période de temps étendu, mais de tels comportements sur le long terme semblent n'arriver que très rarement, voire pas du tout. Il est excitant d'aller chasser ou cueillir à l'extérieur avec les autres et il serait ennuyeux que de rester au camp jour après jours. Le fait qu'à n'importe quel jour, le travail est optionnel et autodirigé permet de le garder dans le domaine du jeu. Je suis certain que la perception de la nécessité d'obtenir de la nourriture et d'accomplir les autres tâches a une influence sur la décision de ce que font les personnes, mais ce sentiment de nécessité n'est pas dominant d'un jour sur l'autre et par conséquent ne détruit pas le sentiment de jeu.


De mon point de vue, le génie des sociétés de chasseurs-cueilleurs repose dans leurs capacités à accomplir des tâches qui doivent être accomplies tout en maximisant l'expérience de libre choix pour chacune des personnes. Cela est essentiel à l'esprit de jeu. Ils réussissent à accomplir cela par leur volonté de tout partager ce qui supprime immédiatement le lien entre le travail et l'obtention des nécessités pour vivre. Même les chasseurs et les cueilleurs les plus travailleurs et qui réussissent le mieux ne reçoivent pas plus de nourriture lors du retour au camp que n'en reçoit n'importe quelle personne du groupe.


C'est une attitude très différente de celle que nous avons. Pour nous il semble injuste que quelqu'un qui travaille moins que les autres reçoive autant de prime que les autres. Mais c'est parce que nous voyons le travail comme une corvée. Si le produit nécessite la réalisation d'une corvée, alors celui qui peine le plus devrait être celui qui reçoit le plus du produit. Si quelqu'un est fainéant et ne fait pas de corvée, ils ne devraient pas avoir de récompenses. C'est notre conception de la justice et elle est raisonnable. Mais alors que se passerait-il si nous pensions au travail comme à un jeu, quelque chose que nous voulons faire simplement parce que c'est amusant. Avec cette attitude, pourquoi ceux qui obtiennent la récompense intérieure qui est propre au jeu, ce processus qu'ils aiment tellement, dont ils ont beaucoup de compétences pour le réaliser et y participe le plus devrait avoir aussi la plus importante récompense extérieure, le produit ?


Les économistes tout comme les psychologues du comportement voient la vie comme une question qui concerne le donner et le prendre, le coût et le bénéfice, l'effort et la récompense. De ce point de vue, le travail est ce que vous faites pour obtenir un bénéfice. Si quelqu'un reçoit le bénéfice sans avoir fait le travail, quelque chose ne va pas. Les économistes et les psychologues du comportement parlent de cela comme si c'était essentiel à la nature humaine. Mais ils se trompent. Aussi loin que nous pouvons le voir, les chasseurs-cueilleurs vivaient comme ils vivent aujourd'hui, sans conception de récompense pour le travail fait, pendant des centaines de milliers d'années avant l'avènement de l'agriculture. Ils n'ont pas conçu la vie en terme de coûts et de bénéfices. Ils l'ont vu en réalité comme une aventure ludique. La réalisation d'une chose est faite parce qu'elle est amusante et vous partagez la prime avec tous ceux que vous connaissez peu importe ce que ces personnes ont faite. Et ces précisément à cause de cette attitude que les personnes réalisent de bon coeur et avec joie le travail qui doit être fait comme si cela faisait partie du jeu.


Une manière de penser à tout cela implique le concept de confiance. Les chasseurs-cueilleurs font simplement confiance, tant que le travail est du jeu, que les personnes sont bien traités et qu'elles sont véritablement libre de prendre leurs propres décisions, la grande majorité des personnes contribuera avec plaisir au bien être du groupe par les moyennes dont elles disposent.
I'm not suggesting that we can import the hunter-gather approach whole cloth into our current culture. I'm sure that can't be done. But there are areas where this way of thinking would make life more fun for all of us. Think about it. When I approach my work with others as play I don't mind doing more than the others, for no more extrinsic rewards than they get. The rewards of play lie in the doing, not in the end.
Je ne suggère pas que nous pouvons importer l'approche des chasseurs-cueilleurs de toutes pièces dans notre culture. Je suis certain que ce n'est pas possible. Mais il y a des domaines ou cette façon de penser rendrait la vie bien plus amusante pour chacun d'entre nous. Par exemple lorsque j'accomplis mon travail avec les autres comme s'il s'agissait d'un jeu, je ne me soucie guère de savoir si j'en ai fait plus que les autres et d'avoir une récompense plus importante qu'eux. La récompense du jeu repose dans le processus et non le résultat final.

Notes
[1] Documentation for the points made in the following paragraphs can be found in my article, *"Play as the foundation for hunter-gatherer social existence," American Journal of Play, 1, 476-522, 2009.(link is external)* In these paragraphs I have used some of the same wording that I used in that article.
[2] Louis Liebenberg, 
The Art of Tracking: The Origin of Science (1990).
[3] Alf Wannenburgh, 
The Bushmen (1979), p 41.
[4] Wannenburgh, 
Bushmen, p 30.Hu
[5] Kirk Endicott, 
Batek Negrito Religion (1979), p 16.


Publié par Peter Gray le 02 Juillet 2009 et traduit par Michael Seyne le 10 Novembre 2015

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