Des
Milliers de Rivières
Ce que le monde moderne a oublié à
propos de l’enfant et de l’apprentissage.
Écrit
par Carol Black
L’autre
jour, la déclaration suivante est apparu sur mon flux Twitter :
“La
lecture spontanée peut arriver pour quelques enfants. La vaste
majorité a besoin toutefois d’une instruction explicite des
phonétiques. (et tous peuvent en trouver des bénéfices) ”
Ce
décret d’une centaine de caractères qui s’avérera être émis
par une jeune femme qui est “l’auteur du livre à venir
Brilliant: The Science of How We Get Smarter” et qui
est “une journaliste, consultante et conférencière qui aide les
gens à comprendre comment nous apprenons et comment nous pouvons
faire mieux.”
Cela
ma touché, et pas seulement parce que j’ai personnellement prouvé
qu’il est possible à l’école élémentaire d’être mauvais en
phonétique même si vous savez déjà lire. Il s’agit de son
attitude, de ce ton d’assurance grandiose sur le sujet, qui,
en poursuivant les tweets, serait dérivé de “recherches” et de
“données” qui démontreraient qu’il s’agit d’une vérité.
De
telles déclarations ont été émisent par l’institution éducative
durant la dernière centaine d’années environ. Le fait que les
vérités prouvées par chaques générations se sont révélées
être follement nocives par la suivante ne décourage jamais la
flopée actuelle d’experts d’être toujours prête à imposer ses
nouvelles certitudes sur l’enfant. Leur ton d’autorité froide
transporte un message clair pour le reste d’entre nous : “Nous
savons comment les enfants apprennent. Vous ne le savez pas.”
Alors
ils nous l’expliquent.
Le
“consensus scientifique” à propos des phonétiques, généré
par un panel convoqué par l’administration Bush qui a permis de
justifier l’utilisation de milliards
de dollars dans des contrats du gouvernement offerts à des soutiens
de Bush dans l’industrie des manuels et des évaluations, a été
largement accepté comme un fait établi pendant les années “No
Child Left Behind” et “Race to the Top”(NdT1), et si l’on
regarde l’histoire, ses jours sont comptés. Dans quelques jours il
y aura de nouvelles
recherches
qui prouveront que l’instruction phonétique directe est nocive
pour les très jeunes enfants, qu’elle les déroute et les
consterne en les amenant à détester la lecture (Nous savons tous
que c’est vrai, la science pourrait finir par le découvrir) et des
millions de nouveaux manuels, d’évaluations et de guide pour
enseignants devront être payée avec les frais des contribuables
pour les vieux amis des Bushs à McGraw-Hill (NdT2).
Les
problèmes avec ce processus sont nombreux, mais celui que j’aimerais
surligner est celui-ci : Les “données” disponibles qui se
rassemblent ne sont pas la “science de comment les personnes
apprennent”. Il s’agit de la “science de ce qu’il se
passe chez les personnes qui vont à l’école.”
Il
m’est apparu que les personnes aujourd’hui ne savent pas ce que
sont les enfants. Ils savent seulement ce que sont les enfants
dans les écoles.
Historiquement,
les écoles telles que nous les connaissons existent depuis très peu
de temps : Elles sont elles-même une vaste expérience sociale.
Voici quelques données à partir de là. Un Américain sur quatre ne
sait pas
que la terre tourne autour du soleil. La moitié des Américains ne
savent pas que les antibiotiques peuvent guérir un virus. 45% des
bacheliers ne
savent pas
que le premier amendement de la constitution garantit la liberté de
la presse. Ce ne sont pas des choses qu’il est difficile de savoir.
C’est l’hypothèse qu’une école obligatoire universelle est la
meilleure façon de créer des citoyens informés, lettrés et
critiques, et toute personne qui regardera les données avec un oeil
clair admettra que les résultats sont, au mieux, mitigé. Au pire,
ils sont catastrophiques et quelques souches de superbactéries
pourraient nous prouver ce point.
D’autre
part, pratiquement tous les colons américains blancs dans les
colonies du nord-est au temps de la révolution américaine pouvaient
lire, non pas parce qu’ils sont allés à l’école et
certainement pas parce qu’on leur avait enseigné la phonétique
qui n’existait pas à ce moment. “Le
sens commun”
de Thomas Paine qui n’est pas vraiment une lecture légère a été
vendu à 500,000 copies la première année de sa publication, ce qui
équivaut à un livre qui vendrait soixante millions de copies
aujourd’hui. Les personnes ont appris à lire d’un grand nombre
de façon, certain à partir d’une petite école avec une seule
sale, mais beaucoup à partir de leur mère, de tuteurs, de pasteurs
nomades, des maîtres d’apprentissage, la famille, des amis et des
voisins. Ils pouvaient lire parce que dans une population lettrée,
il n’est vraiment pas difficile de transmettre l’alphabétisation
d’une personne à une autre. Quand une personne veut vraiment une
compétence, c’est comme un virus. Vous ne pouvez pas l’empêcher
même si vous essayiez.
En
d’autres mots, ils pouvaient lire pour les mêmes raisons que nous
pouvons maintenant utiliser des ordinateurs. Nous ne savons pas
utiliser des ordinateurs parce que nous l’avons appris à l’école,
mais parce que nous voulions l’apprendre et que nous étions libres
de l’apprendre de la façon qui marchait le mieux pour nous. C’est
la plus triste des ironies que de voir maintenant de nombreuses
personnes décrire cette fluidité et cette efficacité comme étant
un processus propre à la caractéristique des ordinateurs plutôt
que de voir qu’il s’agit d’une caractéristique des êtres
humains.
Dans
le monde moderne, à moins que vous appreniez à lire à l’âge de
4 ans, vous n’êtes plus libre d’apprendre de cette façon.
Maintenant votre processus d’apprentissage sera planifié
scientifiquement, contrôlé, surveillé et mesuré par des “experts
hautement qualifiés” et entraîné à opérer en accord avec les
meilleures “données” disponible. Si votre style d’apprentissage
ne correspond pas à la théorie du moment, vous serez humilié, pris
en main, examiné, stigmatisé, testé, évalué et finalement
diagnostiqué et étiqueté comme ayant une imperfection bénigne
dans votre cerveau.
Comment
avez-vous appris à utiliser un ordinateur ? Est-ce qu’un ami vous
a aidé ? Avez-vous lu le manuel ? Vous êtes vous juste assis et
avez commencé à faire des expériences en vous amusant avec ?
Avez-vous fait un peu de toutes ces choses ? Est-ce que vous vous
souvenez ? Vous avez juste appris, c’est tout, n’est ce pas ?
Les
loups ont des portées de louveteaux du même âge que la mère
laisse à l’attention d’un autre adulte quand elle part chasser,
l’élan donne naissance à des petits qui sont capables de se lever
et de suivre le troupeau dans les minutes qui suivent. Les primates,
ce qui inclut les êtres humains, ont une progéniture à la fois que
la mère transporte avec elle tandis qu’elle cherche de la
nourriture et du travail, souvent en partageant le soin dans un riche
réseau de membres de la famille et d’amis.
Tous
les mammifères sociaux ont évolué d’une façon qui est propre à
leur espèce avec des structures sociales et des comportements
d’apprentissages et de transmissions des compétences dont ils
auront besoin pour survivre à l’âge adulte. Notre propre espèce
a évolué pendant des centaines de milliers d’années en vivant
dans des petites communautés d’âge mixe et où l’enfant est
intégré aux activités des adultes, entouré par des enfants et des
grands-parents d’âges différents, immergé dans le monde naturel,
libre de se déplacer, de jouer et d’exercer leurs corps. Ils
étaient capables d’observer, d’imiter et même de participer au
travail de l’adulte à partir du moment où leur développement le
permettait. Dans les sociétés qui vivent encore selon ce modèle,
d’élégantes pédagogies indigènes se sont développées pendant
des millénaires qui sont tellement en accord avec le développement
naturel de l’enfant que des compétences complexes et variées
peuvent être acquises de façons qui semblent ne demander aucun
effort.
N’importe
quelle mère Gikuyu au Kenya sait que vous donnez à un enfant une
tâche seulement à partir du moment ou elle est prête pour cela.
N’importe quel père Baiga des forêts de l’Inde sait que vous
laissez tranquille un enfant qui essaye quelque chose et ensuite
recule, parce qu’il viendra réessayer plus tard. N’importe quel
ancien Yup’ik sait que le jeune enfant apprend beaucoup mieux avec
une histoire qu’avec la lecture, avec l’expérience pratique que
par l’instruction directe. N’importe quel parent papou en
Nouvelle-Guinée sait que l’enfant apprend le mieux en imitant des
enfants plus vieux que lui et non pas en étant enseigné par des
adultes.
Des
personnes dans le monde entier connaissent ces choses à propos des
enfants et de l’apprentissage, et il est intéressant de noter que
cette façon d’apprendre fonctionne autant pour la conception d’un
logiciel, la conduite d’une expérience scientifique ou à écrire
un essai élégant que pour apprendre à chasser un caribou ou à
identifier des plantes dans une forét tropicale.
Nous
ne les connaissons tout simplement plus ces choses.
N’importe
quel biologiste de la vie sauvage sait qu’un animal dans un zoo ne
se développera pas normalement si l’environnement est incompatible
avec les besoins sociaux vers laquelle son espèce a évolué. Mais
nous ne savons plus cela à propos de nous-même. Nous avons
radicalement altéré l’évolution des comportements de notre
espèce en isolant et séparant les enfants artificiellement dans des
groupes de même âge à la place des communautés d’âge mixe, en
les persuadant de rester à l’intérieur et restant assis la plus
grande partie de la journée, en leur demandant d’apprendre à
partir de matériel artificiel à base de texte plutôt par des
activités contextualisant le véritable monde, en dictant des
emplois du temps d’apprentissage arbitraire plutôt que de laisser
se déployer le développement de l’enfant. Le sens commun devrait
nous dire que tout cela aura des conséquences complexes et
imprévisibles. En réalité, c’est le cas. Tandis que certains
enfants semblent capable de fonctionner complètement dans des
environnements artificiels, un nombre particulièrement significatif
ne le peut pas. Autour du monde, chaque jour, des millions et
millions d’enfants brillants et en bonne santé sont étiquetés
comme des échecs ce qui nuit considérablement à leurs vies. Et de
plus en plus, ceux qui ne peuvent pas s’adapter à l’
environnement artificiel de l’école sont diagnostiqué avec un
trouble mental et sont médicamentés.
C’est
dans ce contexte que nous cherchons comment les êtres humains
apprennent. En collectant des données sur l’apprentissage de
l’être humain en se basant sur leurs comportements dans une école,
en réalité c’est la même chose que de collecter des données sur
les Orques en se basant sur leurs comportements dans une piscine de
SeaWorld.
En
2010, un trio de chercheurs de l’université de British
Columbia a publié une étude qui s’est répercuté dans les
sciences sociales. Joseph Henrich, Steven J. Heine et Ara Norenzayan,
les auteurs de l’étude ont défié la façon dont les sciences
sociales ont pendant un siècle fait de généralisations
approximatives concernant la nature et les comportements humains qui
sont basé sur des recherches limitées sous-ensemble de l’humanité,
ce qu’ils ont appelé les “Western, Educated, Industrialized,
Rich, Democratic” (NdT3) sociétés ou WEIRD. Après avoir éxaminé
des banques de données comparatives à partir des sciences du
comportement, ils trouvèrent que ces sociétés n’étaient pas
représentative de l’humanité dans sa globalité et qu’ils
étaient à de nombreux points à un extrème de la courbe en cloche
des variations humaines; en d’autres mots, “Les membres des
sociétés WEIRD, ce qui inclut les jeunes enfants, sont parmi les
populations les moins représentatives que l’on puisse trouver pour
faire des généralités sur les humains.” Par de nombreuses
mesures, les américains était davantage éloigné de la courbe que
les européens,ou pour le dire autrement, “les plus éloignés des
éloignés”.
Un
grand nombre de ces traits de caractère à l’écart se rapporte au
type d’éducation que nous pensons comme “normal” aux États
Unis. Il s’avère que les Américains se trouvent à la fin du
spectre dans leurs préférences concernant la compétition avant la
coopération, l’auto-promotion avant l’humilité, l’analytique
avant la pensée holistique, le succès individuel avant celui du
collectif, la communication directe plutôt que l’indirecte, des
conceptions de status hiérarchique plutôt qu’égalitaire. Si bien
qu’à l’école nous avons un désir ardent que nos enfants
luttent pour être meilleur que leurs amis et nous faisont des
louanges publiquement s’ils réussissent là où d’autres
sociétés considérerait cela comme de mauvaises attitudes. Nous
portons notre attention directement sur l’enfant et lui disons
exactement ce que nous voulons qu’ils sachent, ou dans de
nombreuses sociétés les adultes s’attendent à ce que les enfants
observent leurs anciens avec attention et de suivre leurs exemples
volontairement. Nous contrôlons, dirigeons et mesurons
l’apprentissage de nos enfants à des niveaux insupportables tandis
que dans de nombreuses sociétés on considère que l’enfant
apprendra à sa propre allure et ne sente pas qu’il soit nécessaire
ou approprié de contrôler leurs activités et choix quotidiens. En
d’autres mots, ce que nous prenons pour acquis et qualifions
d’environnement d’apprentissage “normal” n’est pas du tout
normal pour des millions de personnes autour du monde.
Si
les Américains sont les plus éloignés des éloignés, alors la
sous-culture des institutions scolaires américaines qui a toujours
plus de demandes rigides sur les enfants très jeunes en contenant
toujours davantage leurs énergies et inclinations naturelles est
encore plus éloigné. Les traits qui seraient valorisés dans la
société Américaine plus large comme l’énergie, la créativité,
l’indépendance, vous amènera des problèmes dans une salle de
classe et il apparaît que certains enfants ne peuvent tout
simplement pas nous suivre aussi loin dans l’extrémité de la
courbe de la cloche. L’espèce humaine est extrêmement malléable
et variable mais elle ne l’est pas infiniment et ce que vous voyez
chez l’enfant individuel tandis que notre culture grandit vers
davantage d’extrémité est la nature sous-jacente de notre espèce
qui réémerge, parfois de manière brusque. C’est comme ces
personnes qui essayent de garder des loups comme animaux domestiques,
nous découvrons que certains de nos enfants commencent à mastiquer
leurs laisses.
Un
jour j’ai observé un enfant de neuf ans mener un groupe d’enfants
faire du motocross sur les rochers de Vasquez, une grande formation
de grès qui s’inclinent dans le désert de Californie. Il était
un de ces garçons magnétique, électrique et rayonnant, il était
le plus jeune d’entre eux, fort, rapide, curieux, malin comme un
singe, ses yeux projetaient des étincelles dans la clarté de l’air.
C’était une joie de simplement le regarder, et alors que je le dis
à une amie qui se trouvait à côté de moi. Elle me dit qu’il
venait juste d’être diagnostiqué avec unTDAH
(trouble du déficit de l'attention
avec hyperactivité).
Quand
vous voyez des enfants qui n’apprennent pas bien à l’école, ils
montrent souvent des caractéristiques qui seraient valorisées et
admirées s’ils vivaient dans un grand nombre de sociétés
traditionnelles autour du monde. Ils sont physiquement énergétiques,
ils sont indépendants, ils sont sociables, ils sont amusants. Ils
aiment faire des choses avec leurs mains. Ils ont une folle envie de
vraiment jouer, de jeu qui sont exubérants, qui teste leur force,
leurs compétences, leur audace et leur endurance. Ils ont une folle
envie de vraiment travailler, de faire un travail qui a de
l’importance, qui est concret, qui apporte une contribution ayant
de la valeur. Ils détestent l’abstraction, ils détestent devoir
rester assis, ils détestent le contrôle autoritaire. Ils aiment
pouvoir mettre leur attention sur des choses qui les intéressent,
qui déclenche leur curiosité, qui les conduit à bricoler et à
explorer.
Les
“experts” dans notre société WEIRD nous disent que ces enfants
ont un handicap à l’apprentissage, qu’ils ont un faible contrôle
sur l’impulsion, qu’ils manquent de compétences d’organisation,
qu’ils sont dans l’opposition. Un sur vingt, un sur dix, un sur
sept de nos précieux enfants aux yeux brillants, nous dit-on, ont
une sorte de défectuosité du cerveau qui les empêche d’apprendre.
Mais
n’importe quel parent Maori sait que nous devons observer un enfant
avec patience, silence, sans interférence pour apprendre s’il a la
nature pour être un guerrier ou un prêtre. Nos enfants viennent à
nous comme des êtres qui cherchent, les enseignants Maoris nous
disent, qu’avec deux rivières coulant à travers eux, le céleste
et le corporel, la connaissance et la non-connaissance. Leur lutte
est d’intégrer les deux. Notre rôle en tant qu’adulte est de
soutenir ce processus et non pas de lui donner forme. Ce n’est pas
à nous de contrôler.
“Les
arcs-en-ciel ne durent pas longtemps, comme les fleurs”, C’est
ce que ma dit ma fille alors qu’elle se trouvait au sommet d’une
montagne un jour mi-pluvieux, mi-ensoleillé en regardant les
couleurs dessiner un arc et se dissoudre dans l’air. Elle avait
deux ans et demi.
C’est
pourquoi j’ai toujours su que cet enfant avait un don pour les
mots. Elle aimait qu’on lui lise des histoires et elle en
fabriquait elle-même ainsi que des chansons, des poèmes et des
jeux, elle inventait ses propres mythologies et composait des lettres
sans fin pour sa chère mamie.
Elle
n’apprit pas à lire tôt.
Elle
n’allait pas à l’école, ce qui fait que cela ne lui posa pas de
problème ni à qui que ce soit. Elle faisait partie d’un groupe
d’enfants dont le sens de politesse leur dictait de ne pas faire de
la lecture un gros problème ni d’ailleurs de n’importe quelle
compétence qu’un enfant aurait et qu’un autre n’aurait pas. Si
les enfants étaient en train de jouer à un jeu et avaient besoin de
lire quelque chose, ou s’ils inventaient un jeu et souhaitaient
écrire quelque chose, ils trouvaient juste un enfant ou un adulte
qui pouvait le faire.
Quelquesfois
j’ai essayé, alors que je lui lisais une histoire, de suivre les
mots que je lisais avec mon doigt, ou d’insister sur les sons que
font certaines lettres. Et comme la plupart des enfants qui ne vont
pas à l’école, elle était rapide à reconnaître un adulte avec
un ordre du jour. “Je n’aime pas quand tu fais ce truc avec
ton doigt” disait elle. Alors j’arrêtais.
Je
commençais à noter que c’était comme si elle était en réalité
contre le fait de se concentrer sur les lettres imprimées de la
page. Elle mémorisait des livres et des poèmes entiers mais le
faisait par le son et non pas la vue. Elle jouait du piano mais
n’aimait pas regarder les notes. Quand elle dessinait, ce qu’elle
faisait en permanence, elle ne dessinait pas en regardant les choses
et copiant ce qu’elle avait vue. Elle dessinait à partir de
quelque part profondément à l’intérieur, ses lignes étaient
fluides, adroites et intuitives.
Un
jour, quand elle avait environ sept ans et demi, sa chère mamie, ma
chère belle-mère, qui se trouvait être une psychologue scolaire
dans le système scolaire public, ne pouvait plus supporter cette
situation. Bien qu’elle essayât de ne pas interférer, elle ne
pouvait plus contenir les certitudes scientifiques de ses diplômes
avancés, de ses quarante années d’expériences professionnelles
et de son accès régulier aux meilleures données disponibles, avec
une grande anxiété elle explosa : “Je sais qu’il y a une
fenêtre cognitive pour un enfant d’apprendre à lire et si tu
manques cette fenêtre tu vas avoir des problèmes plus tard ! Et
pour Isabel cette fenêtre est apparu alors qu’elle avait quatre
ans !”
Il
y eu un long silence.
“Mamie,”
je lui dis finalement. “Si tu vas à l’école et que tu ne peux
pas lire quand tu as sept ans, tu vas être stigmatisé, humilié et
devenir incroyablement angoissé d’une telle manière que cela va
interférer avec tes aptitudes à apprendre dans le futur. Cela
n’arrivera pas pour Isabel.”
Étonnamment
il y eut un autre moment de silence. Elle n’avait jamais pensé à
cela plus tôt.
”De
plus,” je continuais, “Les histoires pour enfants sont pleines de
belles-mères, de sorcières et de dragons mangeurs d’hommes. J’ai
appris à lire quand j’avais quatre ans parce que j’aimais
toutes ces choses. Isabel était térrifiée par ces
histoires. Quand nous lui lisions l’histoire de La Souris et de La
Moto et que la dame entre dans la chambre avec l’aspirateur, elle
nous demandait de lire avant elle pour vérifier si la petite souris
arrivait à s’enfuir. Elle n’avait aucun désir de rester seule
avec ces histoires. Elle voulait qu’un grand lui lise pour elle.”
À
ma surprise, le visage de Mamie fondit avec ça. En fait, c’était
comme si elle redevenait une fleur. Sa voix devint très douce.
”Oh”,
dit elle. “J’étais pareil quand j’étais petite.”
Six
mois plus tard Isabel lisait Harry Potter indépendamment. Elle ne
voulait plus attendre qu’un adulte ait le temps de lire pour elle,
elle avait besoin de savoir ce qui se passait ensuite, dragon ou pas.
Quand elle eut quatorze ans elle lut Guerre et Paix. Quand elle eut
20 ans elle fut à la tête des tuteurs d’écriture à son
université.
Comment
cela est arrivé ? Nous ne le savons pas vraiment. Ceci est un point
important. Nous ne savons pas. Je ne sais pas. Personne ne sait
vraiment. Les processus cognitifs qui sont à la base du fait de
savoir lire et écrire sont complexes à un niveau qui dépasse
l’imagination. Nos compréhensions scientifiques en sont encore à
leurs premières étapes. Mais des personnes qui ont des enfants qui
ne vont pas à l’école hochent de la tête à la reconnaissance de
cette histoire, parce que parmi les enfants qui ne vont pas à
l’école ou qui vont dans des écoles libres ou démocratiques,
l’exemple d’Isabel dans l’apprentissage à la lecture est
commun. Il arrive tout le temps. Le fait est que la plupart des
“chercheurs” et des “experts” (sans mentionner les
psychologues scolaires) ne réalisent même pas qu’il est possible
que cela nous concerne tous.
Ce
qui devrait nous inquiéter davantage c’est que ces “experts”
affirment en connaître bien plus sur les processus cognitifs de la
lecture qu’ils n’en connaissent en réalité, et les politiques
basées sur ces affirmations présomptueuses ont une incidence sur
des millions d’enfants en limitant leurs horizons, en les
étiquetant comme étant handicapé et en les conduisant à la
frustration et au désespoir. Philip Lieberman, un scientifique
cognitif qui a étudié les bases évolutionnaires des réseaux
neuronaux impliqués dans le language se réfère à la vision
actuelle qui identifie “les centres du cerveau” du language comme
une sorte de néo-phrénologie
qui serait une version mise à jour des théories du XIXème siècle
qui disent que vous pouvez identifier le type d’intelligence en
cataloguant les différents morceaux du crâne d’une personne. En
d’autres mots, nous nous mettons nous-même dans une position
délicate aux yeux des générations futures avec nos affirmations
que nous pouvons identifier les aptitudes et handicaps à la lecture
avec les couleurs indistinctes qui apparaissent sur l’image d’un
IRM. La science est loin d’être arrivé, elle n’en est même pas
proche.
N’importe
quelle mère Maori sait qu’un enfant n’apprend pas de manière
linéaire en suivant une ligne qui monte mais par un procédé en
escalier. Ils avancent, puis ils sont sur un plateau pendant un petit
moment, puis ils avancent de nouveau. Leur apprentissage est une
rivière souterraine, vous ne pouvez pas la voir, vous ne pouvez même
pas la sentir à certains moments. Et de manière soudaine ils
s’envolent. Vous ne pouvez pas le contrôler, vous ne pouvez pas en
prendre le crédit. C’est le leur. Vous devez être là, pour leur
fournir de la chaleur et de la stabilité, leur fournir les outils et
les ressources, répondre à leurs questions, leur raconter des
histoires, avoir des conversations d’adultes qui ont du sens et
faire du travail d’adulte qui a du sens en leur présence. Mais
quand ils s’envolent, c’est avec leurs propres ailes.
N’importe
quel parent Cree sait que vous pouvez savoir quand un enfant est prêt
parce qu’il commencera à poser des questions sur le sujet. Vous ne
pouvez pas contrôler le temps et il n’y a aucune raison de le
faire. Chaque année, nous ne savons pas quand les saumons et les
oies arriveront, quand la glace fondra et que les rivières
monteront, quand les myrtilles fleuriront et donneront leurs fruits,
mais chaque année, elles fleurissent et donnent des fruits, et nos
enfants grandiront.
Même
dans les sociétés WEIRD, tout le monde sait qu’il y a une période
de plusieurs mois durant laquelle un enfant dira ses premiers mots ou
fera ses premiers pas. Un enfant qui marche à 10 mois ne sera pas
nécessairement plus talentueux physiquement qu’un enfant qui
marche à 14 mois, et les pédiatres passent la plupart de leur temps
à nous rassurer et nous encourager à ne pas comparer nos enfants
les uns les autres. Il n’y a aucune base scientifique ou autre qui
suppose qu’un enfant atteindra une quelconque étape importante à
un âge uniforme, et ceux d’entre nous qui avons des enfants qui ne
vont pas à l’école font souvent une plaisanterie à propos du
fait que si nous exigions à tous les enfants de faire leurs premiers
pas au même âge, nous serions une nation de personnes ayant des
handicaps pour marcher.
Mais
alors que l’enfant se déplace à travers les cycles de la vie, des
premiers pas aux premiers mots en passant par la perte des dents de
lait, faire du vélo et atteindre la puberté, l’éventail normal
des variations entre les enfants ne décroît pas, il augmente
radicalement. Une fille parfaitement saine peut atteindre sa puberté
à neuf ans ou à quinze ans, une étendue tout à fait normale de
plusieurs années. La faculté de lire mélange cette variabilité
avec la complexité énorme des dimensions cognitive, visuelle,
auditive, émotionnelle, physique et sociale qui doivent tous être
mature et travailler ensemble chez l’enfant qui grandit pour que la
capacité à lire couramment puisse émerger. Et pourtant nous avons
créé une institution obligatoire multimilliardaire avec ses
industries auxiliaires multimilliardaires qui reposent sur l’idée
que ces enfants doivent atteindre ces étapes au même âge.
Et
s’ils n’y arrivent pas, il y aura de lourdes conséquences.
Un
jour quand ma fille avait huit ans nous avions le sentiment qu’elle
et son meilleur ami Raphaël était en train de comploter quelque
chose, et nous les avons découvert blotti ensemble avec un livre,
essayant de comprendre ce qu’il disait. Comme les enfants de la
fameuse expérience du “Trou dans le Mur” de Sugata Mitra, ils
comprenaient ensemble. Quand je suis entré dans la pièce ils
regardèrent ailleurs comme des enfants qui auraient été surpris à
faire quelque chose d’illicite. C’est une autre chose que vous
apprenez à propos des enfants quand ils ne vont pas à l’école.
Ils ne veulent pas être observés tous le temps. Ils ne veulent pas
être examinés et mesurés. Souvent ils ne souhaitent même pas être
loués ou encouragés. Ils ont un sens remarquable de la dignité et
de l’autonomie, et ils le défendent avec férocité. Ils veulent
que leur apprentissage soit le leur.
En
très peu de temps, tous les enfants dans leur petit groupe pourront
lire couramment. Ils ont appris à partir des boîtes de céréales,
des signaux dans la rue, des dessins animés jusqu’à l’ordinateur,
les livres et les grandes soeurs, à partir des histoires et des
chansons, des jeux et des poèmes, à partir des jeux de plateaux,
des jeux vidéo et des jeux de mots, à partir des recettes, des
étiquettes et des manuels d’instructions, à partir des lettres
aux grands-mères, de leurs parents et les uns avec les autres. Très
peu de personnes vont réussir à avoir une enfance aux États-unis
sans que quelqu’un finisse par mentionner à un moment ou à un
autre que la lettre “B” fait le son “bhéé” (sauf quand il
ne le fait pas), si vous considérez cela comme de l’instruction
phonétique, alors d’accord. L’idée qu’il y a une relation
entre les lettres et les sons est omniprésent dans la culture, et
les enfants vont rencontrer la proposition à un moment sur leur
chemin que S est utilisé pour Singe ou C est utilisé pour
Crocodile. Certains enfants demandent à des adultes de les aider à
apprendre à lire, certains ne le font pas. Certains des enfants
utilisent des livres de mots phonétiques ou des logiciels
informatiques, ou ils regardent ces livres pendant un moment puis
finissent par s’ennuyer et les mettent de côté. Nombreux n’y
ont même pas touché.
Cela
indique qu’ils ont appris à lire de la même façon que nous
apprenons à utiliser un ordinateur, de manière flexible, chacun à
sa façon particulière, à n’importe quel moment et à l’allure
qui marchait le mieux pour chacun. La phonétique est simplement un
outil à utiliser si vous y êtes enclin ou pas du tout, comme un
manuel d’ordinateur, certains peuvent l’utiliser
systématiquement, certains de manière sporadique, d’autres
jamais.
Quand
l’on permet aux enfants de commencer à lire quand ils sont
intéressés et prêts, de nombreux comptes rendus d’anecdotes
indiquent qu’il existe une sorte de distribution sur une courbe de
cloche aplatie qui va d’un âge de quatre, cinq ans à un âge de
dix-onze ans, avec un sommet de cloche qui s’étend largement
autour des 5,6,7,8,9 ans (bien que le psychologue Peter Gray rapporte
que les pratiquent culturelles du texto pourrait bien déplacer cette
moyenne plus tôt.) L’enfant qui commence à lire plus tard apprend
généralement plus vite, en allant de “derrière” son supposé
“niveau d’école” pour se retrouver “devant” en l’espace
de quelques mois. Pratiquement tous les enfants lisent au “niveau
de l’école” ou au-dessus à l’âge de dix ans.
Pourquoi
certains enfants lisent plus tard que d’autres ? Encore une fois,
nous ne savons pas. Mais de nombreux lecteurs tardifs ont un haut
niveau d’intérêt et d’habileté dans les domaines mécaniques,
musicales, spatiaux, mathématiques ou digitaux. Nombreux sont ceux à
avoir des talents dans les arts du spectacle et l’athlétisme.
D’autres encore ont simplement des stratégies d’apprentissage
différentes, certains absorbent, réfléchissent, consolident,
intègrent et de manière soudaine fleurissent entièrement formé.
Comme l’a dit Isable alors qu’elle avait neuf ou dix ans, “J’aime
attendre jusqu’à ce que je sache déjà quelque chose, et alors
j’aime l’apprendre.”
De
manière cruciale, les observateurs notent que l’âge du
commencement de la lecture ne prédit pas l’aptitude ou de la
réussite intellectuelle, il n’est pas hors du commun que les
lecteurs tardifs aient de haut niveau d’habileté intellectuelle et
soit même talentueux dans leur intérêt de la lecture et de
l’écriture. Comme Einstein qui n’a pas parlé avant l’âge de
trois ans, certains enfants développent simplement leurs compétences
dans un ordre différent.
En
d’autres mots, ce n’est pas un gros problème.
Jusqu’à
ce que vous-même en fassiez un. Si vous poussez l’enfant à lire
quand il n’est pas prêt, vous pouvez lui faire beaucoup de dégâts
et cela très rapidement. Quand les adultes deviennent angoissés à
propos du développement de l’enfant, cette angoisse se transmet
instantanément, car une autre chose que vous découvrez quand vos
enfants ne vont pas à l’école est que vous ne pouvez simplement
pas prendre pour un imbécile un enfant de six ans. Ils voient à
travers vous. Ce que les adultes peuvent considérer comme de
l’encouragement et du soutien, les enfants voient souvent cela
comme de la manipulation et de la pression, et ils résistent. Faites
attention à cet enfant réel en face de vous et à sa façon de
répondre à cette activité “chouette” que vous avez planifié,
alors vous apprendrez rapidement à voir quand ça arrive.
La
résistance des enfants prend plusieurs formes, l’inattention,
l’irritabilité, la dérobade, l’interruption, l’agitation,
l’oubli, en fait, tous les “symptômes” décrit par le TDAH
sont les comportements d’un enfant qui de manière active ou
passive résiste au contrôle des adultes. Une fois que vous
commencez à générer cette résistance à l’apprentissage, si
vous ne reculez pas rapidement, cela peut se solidifier en quelque
chose de véritablement handicapant.
Si
vous poussez fortement un enfant à faire quelque chose quand il est
incapable de le faire à son niveau de développement, une erreur que
j’ai faite plus d’une fois et que nos écoles font tous les
jours, l’enfermement psychologique qui se produit est
catastrophique. Simplement catastrophique. Laissez-moi répéter cela
: Quand vous poussez un enfant à faire quelque chose que son
développement du moment ne peut simplement pas faire vous créez
cette croyance profonde que :
-
Je
déteste ça.
-
Je
ne peux pas le faire.
-
Je
ne serais jamais capable de faire ça.
et
-
Il
y a quelque chose qui ne va pas chez moi.
Toutes
sont, je dois l’indiquer, des croyances profondément
handicapantes.
Il
est intéressant de noter que le système scolaire finlandais, qui a
les résultats de lecture les plus élevés dans le monde, ne
commence pas l’instruction de la lecture avant l’âge de sept
ans, ce qui est plus proche du sommet naturel de la courbe de la
cloche naturelle non forcé que celui du système Américain, qui
continue à pousser l’instruction toujours plus tôt. Une étude en
Nouvelle-Zélande qui compare les écoles Waldorf qui commencent
l’instruction à l’âge de sept ans et les écoles publiques qui
commencent à l’âge de cinq ans, ne trouve pas de bénéfice à
long terme pour cette instruction entreprise plus tôt. En fait, de
nombreuses études montre un avantage dans l’instruction tôt à la
lecture en comparant les aptitudes d’enfants aux alentours de l’âge
de huit, neuf ans. Ce qu’elles ne montrent pas c’est qu’à
l’âge de dix ou de onze ans, l’avantage disparaît et qu’à
l’âge de douze ou treize ans, il s’inverse, avec une plus grande
compréhension et un enthousiasme à la lecture de ceux qui ont
appris plus tard que ceux qui ont appris plus tôt.
Une
hypothèse est que non seulement la fenêtre de développement normal
pour la lecture supposé par les écoles Américaines est trop
étroite, mais aussi qu’ils la placent trop tôt. En
d’autres mots, c’est comme si on ne s’attendait pas à ce que
les enfants fassent leurs premiers pas à une moyenne de douze
mois, mais qu’on s’attendait à ce qu’ils fassent leurs
premiers pas à un âge précoce de dix mois. En faisant cela
vous créez une sous-classe d’enfant tellement confuse et
angoissée, dont les processus naturels du développement et de
l’organisation physique et neurologique sont sévèrement
interrompus, que vous n’avez littéralement aucun moyen de
savoir ce qu’ils auraient été si vous ne leur aviez pas fait
cela.
Souvenez-vous
s’il vous plaît que les niveaux de certification standardisée
n’existent pas dans la nature, ils n’ont pas été créé
scientifiquement mais par décret. Et il n’y a eu presque aucune
étude sérieuse sur le développement cognitif de l’enfant qui
apprend en étant pas formé à l’intérieur de l’échelle de
mesure arbitraire du système scolaire. La Finlande met simplement
ses standards à un niveau où la plupart des enfants réussiront.
Les États-unis les mettent à un endroit où un pourcentage
significatif échouera. C’est un choix. En le faisant, nous créons
peut-être des handicaps chez des enfants qui auraient été en bonne
santé si nous leur avions permis de lire selon leurs propres emplois
du temps développementaux.
Parce
que vous savez quoi ? Si y a une chose que les données prouvent,
c’est que nos enfants sont tous différents.
Au
fait, la lettre “B” fait le son “Berk”.
Un
dicton commun parmi les Aborigènes d’Australie est que “Tous les
enfants sont intelligents.” Même l’auteur de “Brilliant:
The Science of How We Get Smarter” rapporte que la recherche
commence à montrer que les dyslexiques sont plus intelligents que
les lecteurs précoces. Avons-nous vraiment besoin de la science pour
découvrir cela ? Ne pouvons-nous pas simplement regarder les yeux
brillants de nos enfants et savoir qu’ils amènent tous quelque
chose d’unique et de précieux dans le monde ? Avons-nous besoin de
les aligner et de les comparer pour trouver qu’un pourcentage
prévisible d’entre eux a une carence et même un “handicap” ?
Le
mouvement de la “neurodiversité”
a commencé comme un défi pour l’hégémonie éducative qui
définit ce que sont les formes cognitives “normales” et celles
qui ont un “handicap”. Malgré des variations floues sur des
images IRMf, il n’y a pas de preuves scientifiques convaincantes
que la vaste majorité des 15-17% de la population qui est estimée
comme étant dyslexique ne soit pas parfaitement saine, que ce ne
sont pas des personnes normales qui ont simplement des talents
différents, des façons d’apprendre différentes et des emplois du
temps différents. De nombreux dyslexiques sont en train de repousser
les modèles du handicap en affirmant qu’ils ne sont pas plus
handicapés par leurs moyens particuliers d’apprendre qu’un
violoniste de concert serait handicapé parce qu’il ne serait pas
un bon joueur de hockey sur glace. Après tout, les enfants
dyslexiques ont souvent une meilleure imagination que les
non-dysléxiques, mais personne n’étiquette l’enfant “normal”
d’avoir un “handicap d’imagination”.
Ce
n’est pas à nos enfants d’accepter une étiquette “handicap”
qui permettrait de “se qualifier” pour un environnement
d’apprentissage approprié, mais aux adultes de fournir des
environnements d’apprentissage qui soient assez flexibles pour
s’adapter aux variations naturelles de nos enfants. Nous pouvons
accueillir l’enfant qui lit plus tard et/ou plus lentement non pas
avec un service spécial pour le handicap, mais simplement comme une
question de courtoisie quotidienne normale et de respect pour nos
semblables humains qui ont une large variété de forces et de
faiblesses comme nous tous.
La
dyslexie n’est pas quelque chose que vous avez, dit le Dr.
Ross Cooper, qui est un chercheur sur la dyslexie et qui est
dyslexique lui-même (Il adopte le terme de la même façon que les
mouvements gay ont adopté le mot “queer” qui était aussi au
départ utilisé de manière péjorative.) Il s’agit de quelque
chose que vous êtes. Et il s’agit de quelque chose,
souligne-t-il, qui a une valeur dans le spectre de la diversité
humaine. Cooper fait l’hypothèse qu’une caractéristique commune
aux nombreux “handicaps spécifiques à l’apprentissage” est
une préférence pour le traitement des informations d’une manière
visuelle et holistique plutôt que verbalement et analytiquement.
Plutôt que de se concentrer étroitement sur des choses d’une
manière séquentielle et linéaire, l’enfant a une tendance à
absorber les données visuellement en ayant une vue d’ensemble sur
le sens et le contexte (ces couleurs flous qui s’illuminent dans la
partie de l’hémisphère droit du cerveau), un processus qui peut
ralentir le décodage mais qui peut aussi approfondir et enrichir la
pensée latérale, l’intuition, l’imagination et la créativité.
Ces enfants ont des cerveaux qui s’organisent eux-mêmes
différemment et cela ne va pas sans dire que leur courbe de
développement est donc différente. Quand nous interférons dans le
processus de cette organisation, quand nous le stigmatisons, le
testons et essayons de le corriger prématurément ou quand nous
essayons d’enseigner aux dyslexiques de penser comme les autres
enfants en les exerçants agressivement avec de la phonétique.
Cooper dit qu’en les traitant comme s’ils avaient quelque chose
de cassé qui aurait besoin d’être réparé, nous volons
l’opportunité à ces enfants de se construire organiquement à
partir de leurs forces.
Il
est intéressant de noter que les enfants des cultures indigènes
traditionnelles traitent souvent les informations d’une manière
holistique et contextuelle plutôt que de manière analytique. Si
vous demandez à des personnes venant de cultures urbaines
non-indigènes de vous séparer en groupe une liste de plantes et
d’animaux, ils le feront de manière taxonomique, en les séparant
en catégories de mammifères, d’oiseaux, de poissons, de plantes.
Si vous demandez à une personne indigène, elle peut le faire d’une
manière écologique, en mettant une tortue, un saule, un héron et
un castor dans le même groupe parce qu’ils vivent tous dans les
zones humides. L’examinateur peut considérer cela comme une
“mauvaise” réponse parce que les écoles ont tendance à
insister sur la séparation taxonomique et la pensée analytique.
Mais la seconde réponse renvoie aux formes du système de la pensée
holistique que les enfants natifs de la campagne peuvent utiliser
plus gracieusement à un jeune âge que ne le peuvent leurs pairs
urbains non indigène.
Les
enfants de la ville grandissent entouré de dessins animés où les
souris parlent et les poissons chantent des mélodies ce qui les
amène parfois à une grande distance d’une compréhension des
systèmes de vie réels et Henrich et al. suggèrent
qu’étudier le développement cognitif du raisonnement biologique
d’un enfant urbain peut être “l’équivalent d’étudier la
croissance physique “normale” chez les enfants sous-alimenté.”
Mais dans les écoles, les enfants indigènes des campagnes sont
testé et trouvé trop souvent comme étant moins intelligent et
davantage “handicapé” de l’apprentissage que le sont les
enfants blancs des villes, il s’agit d’un phénomène
profondément perturbant qui revient trop souvent parmi les peuples
ruraux traditionnels tout autour de la planète.
Pourquoi
cela ? Comme un chercheur sur l’intelligence l’a découvert, si
vous calculez le QI moyen du score aux États-Unis il y a une
centaine d’années et que vous le comparez avec ceux d’aujourd’hui
vous découvrirez que par selon les définitions modernes les
grands-parents et les arrière grands-parents de la plupart des
Américains blancs seraient catégorisés comme mentalement
handicapé. Est-ce que cela signifie que vos ancêtres étaient
idiots ? Oui, peut-être. Mais ce que cela signifie probablement
c’est que la plupart des Européens-américains du 19ème siècle
et du 20ème siècle comme nombreuses personnes indigènes
aujourd’hui ont vécu dans un monde avec une connaissance et une
intelligence véritablement concrète et contextualisé qui était
nécessaire pour survivre et non pas la connaissance abstraite
scolaire. Malcolm Gladwell rapporte dans le New Yorker que lorsque le
psychologue Michael Cole a donné aux membres de la tribu Kpelle du
Libéria une version du test WISC des similarités, il a découvert
que les Kpelle rangeaient systématiquement le couteau et la pomme de
terre dans la même catégorie. “Parce que le couteau est utilisé
pour couper la pomme de terre.”
“Un
homme sage pourrait seulement faire cela de cette façon,” ont-ils
finalement expliqué,
le
chercheur demanda, “Comment est-ce qu’un fou le ferait ?” Les
membres de la tribu reclassèrent les objets dans les “bonnes”
catégories.
Ce
qui fait que le test de QI, comme tous les autres tests scolaires,
s’avère n’être pas tant une mesure de l’intelligence qu’une
mesure de la modernisation, d’une transition à grande
échelle des sociétés industrielles, de la pensée concrète à la
pensée abstraite, de la pensée holistique à la pensée analytique,
des systèmes de pensée contextualisés à des pensées linéaires
décontextualisés.
En
d’autres mots, votre QI n’est pas la mesure de à quel point vous
êtes astucieux. Il mesure à quel point vous êtes WEIRD.
Bien,
vous pourriez dire, mais n’est ce pas un stage du développement
humain positif et inévitable puisque les sociétés deviennent plus
complexes technologiquement et “avancées” intellectuellement ?
Pas selon Iain McGilchrist, un psychiatre et chercheur en imagerie
cérébrale qui a écrit le livre “The Master and his Emissary”
et affirme que l’attention étroite, mécanique, analytique qui est
la partie si dominante dans nos sociétés modernes à en réalité
évolué comme un outil limité qui est guidé et contenu dans une
partie du cerveau qui a une attention plus large, holistique et basé
sur la relation. McGilchrist soutient que les civilisations
occidentales modernes ne sont pas plus avancées que les autres
sociétés humaines, mais plutôt sont devenues dangereusement
déséquilibrées en se dirigeant vers une forme d’analyse froide,
abstraite et mécanique aux dépens d’une compréhension du monde
plus interconnecté, empathique et holistique. Comme le montre
McGilchrist, cette sorte de déséquilibre ne fait pas de vous des
personne plus “brillantes” par rapport à d’autres personnes,
elle fait de vous un sociopathe.
La
diversité cognitive humaine existe pour une raison, nos
différences sont le génie et la conscience de notre espèce. Ce
n’est pas un accident que ce soit les penseurs holistiques
indigènes qui nous rappellent régulièrement notre place appropriée
dans les systèmes écologiques de la vie tandis que notre société
technocratique qui cible étroitement passe sauvagement de la
conservation à la dévastation massive de la planète. Ce n’est
pas un accident que les penseurs dyslexiques holistiques soient
souvent nos artistes, nos inventeurs, nos rêveurs et nos révoltés.
Marie
Battiste, un professeur d’éducation Mi’kmaw à l’Université
de Saskatchewan, a un terme très clair pour la tendance d’un
groupe puissant pour réclamer l’autorité pour définir ses
propres caractères et préférences cognitives comme normale et
désirable et toutes les autres façons de penser, d’apprendre et
de comprendre le monde comme un manque et un handicap. Elle appelle
cela l’impérialisme cognitif. C’est l’équivalent cognitif du
racisme. Cela mène naturellement, bien sûr, à une sorte de
destinée manifeste cognitive qui suppose qu’une façon de penser,
une façon d’apprendre et une façon d’être dans le monde est
destinée à submerger et remplacer tous les autres.
Ce
qui nous ramène aux phonétiques. Reid Lyon, le “tsar de la
lecture” de George Bush, a attiré l’attention des médias en se
vantant que son approche de l’instruction de la lecture était
“basé sur la science et non pas sur la philosophie”. (Voilà
encore cette attitude.) Mais il n’y a rien de “scientifique”
sur l’effort de choisir qu’elle est La Meilleure Méthode Prouvé
pour enseigner la lecture à tous les enfants. Comme Henrich et
al. le montre, les recherches WEIRD viennent des conclusions
WEIRD parce qu’elles sont conduite par des chercheurs WEIRD qui
posent des questions WEIRD. Dans ce cas la question qu’ils ont
demandée était, “Si nous forçons tous les enfants des
États-Unis à apprendre à lire d’une façon unique, quelle sera
cette façon ?”
Mais
il n’y a aucune raison scientifique d’avoir cette question. C’est
un choix profondemment philosophique et politique.
N’importe
quel père Yanomami sait que vous n’avez pas à forcer un jeune
enfant pour apprendre, que vous leur donnez simplement les outils
dont ils ont besoin et vous les laissez jouer avec. N’importe
quelle grand-mère Cree sait que si vous voyez un enfant faire
quelque chose incorrectement, vous ne l’humiliez pas en le montrant
ouvertement du doigt mais vous lui montrez la bonne façon de le
faire tranquillement sans fanfare. N’importe quel ancien Odawa sait
qu’un enfant apprendra parfois plus de votre silence que de vos
discours.
Lentement,
avec hésitation et précaution la science redécouvre un peu cela.
Depuis
le siècle des lumières, chaque génération de scientifiques a
tendance à tomber dans l’illusion que nous sommes maintenant au
sommet de la connaissance et de la compréhension humaine, que
l’erreur n’est plus dans nos pieds et que maintenant nous
“savons” comment les choses sont vraiment. Selon le domaine qui
est étudié, cet orgueil intellectuel démesuré peut entrainer des
résultats qui sont comiques, maladroits, destructeurs et quand cela
concerne l’enfant, tragiques. Dans les années 50 les scientifiques
“savaient” que lait conditionné était meilleur que le lait
humain, une absurdité qui a été responsable de la mort par
maladies diarrhéiques et de malnutrition de millions de nourrissons
dans le monde en développement. Ils “savaient” que les
nouveau-nés comme les animaux n’ont pas de systèmes neuronaux
développés pour sentir la douleur, si bien qu’ils réalisèrent
des opérations chirurgicales sur des millions de nourrissons (et
d’animaux) sans anesthésie. Ils “savaient” que les personnes
apprennent par résultat d’un renforcement positif ou négatif du
comportement plutôt que comme le résultat de passions intérieures,
de motivations et de préférences qui seraient laissées libres
comme une rivière céleste coulant en chacun, et ils persuadèrent
un système entier d’éducation à entraîner les enfants comme des
pigeons et des rats, avec des examens incessants et des réactions
punitives ou des récompenses.
Aujourd’hui
les militants des phonétiques Américaines déclarent “savoir”
comment les enfants apprennent et comment leur enseigner de la
meilleure façon. Ils ne savent rien de la sorte. Une valeur clé
d’une enquête scientifique sérieuse est aussi une valeur clé
dans chaque culture indigène autour du monde : l’humilité.
Nous apprenons.
Mais
chaque parent Inuit sait que vous racontez des histoires le soir,
quand l’esprit de l’enfant est détendu et élargit et avant que
le sommeil emporte les mots et les images profondément dans l’âme.
La science redécouvre que les souvenirs sont consolidés la nuit, en
dépit des “données” de la précédente génération qui
“prouvaient” que l’enfant apprend mieux le matin. L’enfant
écoute bien mieux la nuit, il pose des questions plus profondes la
nuit, il imagine de manière plus vive la nuit. Dans la clarté du
jour, l’esprit se tourne vers le monde extérieur, un enfant veut
souvent être en mouvement, actif et interagir socialement, et les
choses que l’on vous raconte le matin peuvent se faire éjecter de
toute cette activité bourdonnante comme un papillon se ferait
éjecter d’un ventilateur mobile. Les choses qui vous sont dites la
nuit sont transportés à l’intérieur, ils entrent dans vos rêves,
ils deviennent sans effort une partie de vous.
Alors
que faisons-nous en attendant que la science redécouvre tout cela et
pour que les données nous le prouvent ? Qu’est-ce que nous allons
faire de cet enfant, cette constellation unique de talents humains,
de brillance et de fardeaux, cet enfant humain unique, normal,
lumineux, rayonnant qui se lève devant nous aujourd’hui, à cette
minute juste là maintenant ?
Nous
avons toujours besoin de sagesse et non de données pour bien élever
nos enfants. De manière ironique, tandis que la science de
l’apprentissage est toujours grossière et primitive, les cultures
que certains appellent “primitives” intègrent une connaissance à
propos du développement humain qui est sophistiqué, profond, nuancé
et empiriquement basé sur des milliers d’années d’observation,
d’intuition, d’expérimentation et de perception intérieure.
Parlez à des scientifiques, des écrivains, des artistes et des
entrepreneurs talentueux et vous découvrirez qu’ils ont appris de
la même façon que les enfants Yanomamis ont appris, par une
observation appliquée, par l’expérimentation, par l’immersion,
par la liberté, par la participation, à travers le vrai jeu et le
vrai travail, à travers une sorte d’activité libre ou la
distinction entre le jeu et le travail disparaît. Parlez avec un
mécanicien automobile véritablement bon, un charpentier, un
fermier, un joueur de violon, un concepteur de site web, un éditeur
de film, un auteur-compositeur, un photographe, un chef cuisinier et
vous découvrirez qu’ils ont appris de la même façon.
Les
chercheurs de l’éducation commencent lentement à voir ce
phénomène à travers leurs lunettes, mais ce n’est que le
commencement. Comme le poisson proverbial qui n’a pas encore
découvert l’eau, la plupart sont encore limité par le jeu de
suppositions WEIRD qui limite leur domaine de recherche et ils n’ont
toujours pas réalisé que l’élément dans lequel ils vivent n’est
pas le monde entier, ils n’ont pas vu qu’ils sont en train de
tourner à l’intérieur des murs en verre du bocal à poisson
qu’ils ont eux-même créé, et qu’il y a un univers de
possibilités pour l’apprentissage qu’ils n’ont pas encore
commencé à rêver.
“C’est
dans notre oisiveté, dans nos rêves que parfois, la vérité qui
était submergée remonte au sommet”. dit un jour une
grande artiste. La science est un outil d’une incroyable puissance
et beauté, mais c’est n’est pas un bon parent, elle doit être
équilibrée par quelque chose de plus large, de plus profond, de
plus ancien. Comme le vent et le climat, comme les écosystèmes et
les microorganismes, comme les cristaux de neige et l’évolution,
l’apprentissage humain n’est pas domestiqué, il est
imprévisible, c’est un mouvement fractal fleurissant si complexe
et si mystérieux que quiconque d’entre nous ne peut le mesurer ni
le contrôler. Nous faisont tous parti de ce mouvement fractal et la
capacité à aider nos progénitures à grandir et à apprendre est
dans notre ADN. Nous pouvons commencer à le redécouvrir maintenant
à expérimenter, à observer, à écouter, à explorer les milliers
d’autres façons d’apprendre qui existe encore partout sur la
planète. Lire les données et les mettre de côté. Regarder les
yeux de votre enfant, ce qui les rendent vitreux et morts et ce qui
les éclaircies, les stimulent et les illuminent. C’est là que se
trouve l’apprentissage.
NOTES
-
(NdT1
: No Child Left Behind et Race to the Top, sont des campagnes
importantes menées par les gouvernements américains en faveur de
l’industrie et l’institution éducative.)
-
(NdT2
: McGraw-Hill est une grosse corporation publique financée par
l’institution éducative pour la création de matériels
scolaires, de manuels et d’examens.)
-
(NdT3
: (W) westerner/occidental, (E) éduqué, (I)
industrialisé, (R) riche et (D) démocratique, WEIRD
que l’on peut traduire par étrange ou bizarre.)
SOURCES
“We’ve
done the largest string of studies about First Amendment education in
America’s high schools, so what are we learning? …My bottom
line: I had seen First Amendment education as a school issue; now, I
think young people may be able to learn about the nation’s five
fundamental freedoms outside the classroom as easily as they do
inside. Maybe even easier.”
“Colonial
America had no system of education. Instead it provided a loose
collection of informal ways to provide basic literacy and numeracy
skills to most of the population and advanced learning to a few.
Parents taught their own children in the home, or if they could
afford it they hired a tutor. Churches provided religious education
for the young, which required them to offer literacy training as part
of the process. Parents contracted with master craftsmen to take on
their sons as apprentices, which meant not only teaching them a trade
but also teaching them to read, write, and figure. In a variant of
this practice, parents frequently boarded out their children with
another family, which in turn agreed to educate them as part of the
arrangement. Often a woman in the neighborhood would take in
students for a fee and teach them the basics in her own home… Most
students received some form of education during this period, and most
of these did not attend anything resembling a school…
“(The
Common School Movement) was not an effort to raise the literacy rate,
which was already near universal in New England and elevated in the
rest of the country… The massive public investment in constructing
the school system in the mid-nineteenth century did little to
increase rates of literacy. The system did not even increase the
likelihood that a young person would receive an education, since that
was already taking place in some form or other for most Americans in
the early part of the century. What the system did do was increase
the likelihood that young people… would acquire their education in
the setting of a formally constituted school, which was publicly
controlled, age graded, and run by a trained teacher.”
American
Reading Instruction,
Nila Banton Smith, International Reading Association, 2002. First
published in 1934. An
account of the major developments and pendulum swings in the teaching
of reading.
There
is much that is familiar in the musings of Mr. Hoole, who shows
great compassion for “the extreme labour and terror of the poor
children with enduring far overmuch and long severity…” and
suggests several games involving words and letters to help children
learn to read. He observes that while “apter” pupils learn
quickly with formal direct instruction, others, who,”not finding
any thing to affect them, and so make them heed what they learne, go
on remissely from lesson to lesson, and are not much more able to
read, when they have ended their book, then when they began it.”
He recommends a kind of “Suzuki” method for teaching reading,
where the child’s mother is to “acquaint him a little with the
matter beforehand, for that will intice him to read it, and make him
more observant of what he read’s.” In fact, mothers often
“taught little ones to pronounce all the letters, and to spell
pretty well,” before coming to school, “by making the childe to
sound the five vowels a, e, i, o, u, like so
many bells upon his fingers ends…Then putting single consonants
before the vowels (leaving the hardest of them to the last) and
teaching him how to utter them both at once, as va ve vi vo
vu….”
In
other words, just as with the Suzuki method of music instruction in
which children listen to a tune over and over so that it is encoded
in their memory AND learn to play it before they
try to decode it explicitly on the sheet music, this method of
teaching reading involved children memorizing whole verses, rhymes,
and syllables — and actually learning to spell syllables
— before learning to decode them as text on paper. Hoole is very
aware that no single method works for all children, however, and
takes it as a given that if one way does not work, other methods can
be found. As he says,
“Indeed
it is Tullies observation of old, and Erasmus his assertion of latter
years, that it is as natural for a childe to learn, as it is for a
beast to go, a bird to fly, or a fish to swim, and I verily believe
it, for the nature of man is restlessly desirous to know things, and
were discouragements taken out of the way, and meet helps afforded
young learners, they would doubtless go on with a great deal more
cheerfulness, and make more proficiency at their book then usually
they do; And could the Master have the discretion to make their
lessons familiar to them, children would as much delight in being
busied about them, as in any other sport, if too long continuance at
them might not make them tedious.”
“I
have been to numerous communities across Canada and I still do not
find where Indians teach. All young children were allowed to grow, to
develop, and to learn….We learned … by listening to the words
adults spoke, what they said when they were talking, and built our
own kind of relationship with (things.)…
…One
of the practiced ethics of the community was non-interference. No one
interfered with us, and this way of living still exists today. If you
go to an Indian home the kids don’t come up and bug you while you
are talking to someone else. They might come and stand by you
quietly, just as an adult might. If you observe Indians someplace,
they will stand quietly, and only when they are acknowledged, will
they speak. If they get into a group session, they will act the same
way. They will sit and listen to people talk, and when they get the
opportunity they will speak, but they won’t cut you off or
interfere. There are some who do this now, but not very many. Most of
them will just wait. The whole background of the educational system
was that of observing and feeling. This is how they learned.”
“Braggett
(1985) suggested that Aboriginal children from traditional
communities often find school an alien environment where they may be
expected to accept white values, adopt different learning styles, and
compete with their peers. Many Aboriginal children are brought up to
accept cooperation in larger groups. Further, he stated that
Aboriginal students are “high in memory skills, excel in
visual-spatial ability, are persistent and stubborn, exhibit high
internal motivation when interested, and are bored by routine tasks”
(p. 3)”
“Aboriginal
children … come from a cultural background which believes all
children to be clever and that it is not acceptable to stand out
above others (Kearins, 1988). For example, Ungunmerr (1976) discussed
the problems of an Aboriginal child who is singled out and praised
above the rest of the group. Such praise is an embarrassment and may
make the praised child feel as though he or she has let down the rest
of the group. Consequently, this child lowers her or his performance
to follow cultural mores. In addition, Ungunmerr pointed out that the
ethos in Aboriginal cultures is largely egalitarian by nature… The
conflict between the home culture and the school culture of
competition and ‘topping the class’ often make it difficult for
educators from Western cultures to recognise giftedness in Aboriginal
students.”
The
Cultural Nature of Human Development,
Barbara Rogoff, Oxford University Press, 2003. I highly recommend
this book to anyone looking for a broad introduction to different
cultural approaches to learning:
“The
question of how quickly children can reach developmental “milestones”
was referred to as “The American Question” when I studied at Jean
Piaget’s Swiss Institute… Teachers in the United States and
France routinely refer to children’s progress along a linear
dimension measured now in months, such that children in the same
school class are seen as being “ahead” or “behind” expected
performance… Relevant to such judgments is whether their birthdate
falls early or late in the year assigned to a particular grade level.
Children who are slower in following predefined stages of learning
to read (on the teacher’s schedule) are regarded as failing or
likely to become failures… despite lack of evidence that
early achievement of milestones offers any inherent advantage.
“In
some communities, infants are not expected to rapidly understand the
ways of those around them, and adults are comfortable that infants
will learn when they are ready if not pushed against their
will. Infants’ development is not conceived as
progressing past a linear sequence of milestones in accord with a
timeline.”
And
on authority and control, quote from Minnie Aodla, Inuit:
“[Non-Inuit
people] who have gone north and lived in the settlements, who do not
understand Inuit home life or believe in our way of child-rearing,
think that Inuit children are spoiled. [When I visited a non-Inuit
home in Ottawa], I could not help but notice the treatment of the
children by the parents…. Words like “don’t,” “no,”
“move” were to me like talking to a dog who was eating from some
other dog’s dish or who did not obey commands given during sled
travel. My culture tells me that the word no leads to disobedient
children who become very hard to handle later on.”
Learning
to Read the World Through Other Eyes,
open-access curriculum developed by Vanessa Andreotti and Lyn Mario
T.M. de Souza for the Centre for Development Education Research
(Institute of Education, University of London), University of Sao
Paulo, University of Canterbury (Aotearoa/New Zealand), and Survival
International. 2008. Views of Maori learning come from interviews
with Maori educator Mereana
Taki.
Again, I would like to emphasize that Mereana Taki does not claim to
speak for all Maori people, and this phrasing is merely meant to
convey that, while individuals vary within all cultures, common views
of learning vary widely between cultures.
“Earlier
this month the “Too Much, Too Soon” campaign made headlines with
a letter calling for a change to the start age for formal learning in
schools. Here, one of the signatories, Cambridge researcher David
Whitebread, from the Faculty of Education, explains why children may
need more time to develop before their formal education begins in
earnest.”
Brain.HE,
resource for neurodiverse students at the London School of Economics.
Contains “The
Holist Manifesto”
by Dr. Ross Cooper.
Note
that this table shows that before school age, the rate of learning
disability in Native American children is slightly lower than in
white children, but during the school years, the diagnosis of
learning disabilities in Native American children is more than twice
the rate of diagnosis among white children.