Les
forces qui s'opposent à un changement éducatif fondamental
Dans
les acomptes précédents j'ai présenté les indices qui soutiennent
les affirmations suivantes : (1) Les impulsions qu'ont les
enfants à jouer et explorer de leur propre chef ont fournit les
fondations de l'éducation durant notre longue histoire en tant que
chasseurs-cueilleurs (lien vers article). (2) Les enfants
d'aujourd'hui peuvent s'éduquer très bien par eux-même, et
d'ailleurs le font, sans qu'il y ait contrainte, pression ou
direction des adultes, si on leur fournit un environnement qui
soutienne leurs instincts de jeu et d'exploration (lien vers
article). (3) Les écoles traditionnelles sont ce qu'elles sont
aujourd'hui à cause des circonstances historiques qui ont amené les
personnes à dévaloriser le jeu en ayant la croyance que la volonté
des enfants devait être brisée et en pensant que tout ce qui est
utile, comme l'apprentissage, exige de travailler dur (lien vers
article).
Aujourd'hui,
de nombreuses personnes comprennent la valeur éducative d'un jeu et
d'une exploration libre, nombreux sont ceux qui regrettent que les
enfants aient aussi peu d’opportunités pour de telles activités
et qui pensent que la volonté de l'enfant est une force positive
dans leur développement, leur éducation et leur jouissance de la
vie. Pourtant les écoles continues comme hier. En fait, la
scolarisation traditionnelle et toutes les autres activités
dirigées par les adultes qui sont modelés pour s'adapter à la
scolarisation occupent un pourcentage toujours plus grand du temps
de l'enfant. Pourquoi est-il si difficile de renverser la tendance ?
Pourquoi est-il si difficile d'ouvrir un changement fondamental à
l'intérieur même du système scolaire ? Je n'ai pas la
prétention de connaître la réponse complète à cette question,
mais voici un aperçue de mes pensées concernant ces forces qui
rendent le système éducatif tellement difficile à changer d'une
façon fondamentale.
La
normalité de la scolarisation traditionnelle
Comme
le montrent fréquemment les psychologues sociaux, les personnes se
donneront incroyablement de mal pour sembler normaux. Si nous nous
comportons différemment de la norme, les autres pourraient nous
rejeter, et rien n'est pire pour nous, en tant qu'êtres sociaux,
que le rejet. Si tout le monde dans une culture attache les pieds
des filles, jusqu'à les handicaper, et même si les parents ne
croient pas en cette pratique, ils le feront tout de même pour que
leur fille n'ait pas l'air étrange. Si tous les enfants dans le
voisinage vont à l'école traditionnelle, alors l'enfant qui ferait
quelque chose d'un peu différent, pourrait être vu comme étrange,
et ses parents pourraient être vus, non seulement comme étranges,
mais aussi négligents.
Pour
trouver une preuve pour connaître le niveau auquel nous identifions
aujourd'hui l'enfant avec leur école traditionnelle, il suffit
d'écouter n'importe qu'elle conversation (ou tentative de
conversation) entre un adulte et un enfant, que l'adulte vient juste
de rencontrer : '' Tu es en quelle année ?, Tu as
de bonnes notes ?, Quelle est ta discipline préférée ?,
Est-ce que tu t'entends bien avec ton professeur ?, Est-ce que
tu es impatient que l'école commence ? '' Nous devons
découvrir une manière complètement nouvelle pour parler avec les
enfants qui ne vont pas dans ce genre d'école.
Les
nouvelles écoles qui sont fondées sur des principes très
différents de ceux des écoles traditionnelles n'attirent
généralement pas beaucoup d'élèves, même parmi ceux qui croient
en ces principes, simplement à cause de la peur de faire quelque
chose qui pourrait sembler anormal. Les enfants qui prennent la
décision de rejoindre de telles écoles on besoin de beaucoup de
soutiens sociaux pour contrer cette peur, et leurs parents en ont
besoin davantage.
Les
prophéties qui s'auto-accomplissent de la scolarisation
traditionnelle
La
scolarisation traditionnelle fait la promotion de façons de penser
et d'agir qui permettent de changer ses propres hypothèses en
prophéties qui s'auto-accomplissent. Les hypothèses semblent être
vrai parce que nous les testons dans le contexte de l'école
traditionnelle et avec des critères qui ont été établi par une
telle scolarisation.
Voici
l'exemple d'une telle hypothèse : '' les écoles ont
besoin de motiver les enfants à apprendre ''. J'ai
rencontré, un nombre de fois incalculable, des parents qui
croyaient que les écoles non traditionnelles telles que Sudbury
Valley sont bonnes pour les enfants qui savent '' se motiver par
eux-même '', mais que cela ne concernait pas les leurs, parce que
leurs enfants '' ne se motive pas par eux-même '', et les enfants
pensait cela aussi d'eux-même. '' J'ai besoin d'enseignants qui me
donne des coups de pied aux fesses, sinon je ne fais rien de toute
la journée. '' Pourquoi les personnes de notre culture ont cette
perception que si nous laissons les enfants en âge d'aller à
l'école avec leurs propres techniques, ils n'apprendront pas
grand-chose ? Presque personne n'a cette perception des enfants
trop jeunes pour aller à l'école (lien vers article), et les
chasseurs-cueilleurs n'ont pas cette perception pour les enfants
quel que soit leur âge (lien vers article).
Une
raison qui explique la perception que les enfants en âge d'aller à
l'école ne sont pas motivé d'apprendre par eux-même vient de
notre acceptation culturelle générale de la définition apportée
par le système scolaire sur ce qu'est l'apprentissage. Si apprendre
est défini par le fait de faire des devoirs d'école ou des tâches
qui ressemble de beaucoup à des devoirs d'école, alors il est
parfaitement vrai que les enfants '' déscolarisés
'' ou qui se rendent dans les écoles Sudbury passent peu de
temps à '' apprendre ''. À la place, ils passent leur temps
à jouer et à explorer, d'une manière imprévisible, et ils
récoltent les connaissances et les compétences de leur culture par
un simple effet secondaire.
Une
autre raison de cette perception est que lorsque les enfants passent
leurs journées dans une école traditionnelle à faire des
contrôles et des devoirs qu'ils ne veulent pas faire, il est
probable qu'à la fin de la journée, ils passent tout leur temps
libre à se relaxer, se reposer, ou à se défouler de la même
façon que le font leurs parents après une journée de travail
stressant. Tout cela interfère avec l'opportunité d'être
pleinement engagé dans cette forme de jeu, d'exploration et de
conversation que nous pourrions alors facilement identifier comme de
l'éducatif.
Un
autre exemple d'une prophétie auto-accomplit de l'école
traditionnelle est que : De bonnes
performances prédisent un succès à venir. Nous avons
faits de cette prophétie une réalité en mettant en place un monde
pour l'enfant dans lequel on définit essentiellement le '' succès
'' comme de bonnes performances à l'école. Le boulot de l'enfant
est d'avoir de bonnes notes à l'école qui seront récompensés de
plusieurs façons. Les bonnes notes sont le critère pour avancer au
niveau suivant dans un système scolaire basé sur le classement,
que ce soit pour les placements sur le tableau d'honneur (ndt :
aux États-Unis, il s'agit d'une liste des meilleurs élèves),
pour la possibilité de participer à des activités sportives, pour
aller à l'université, pour être nominé dans des sociétés
prisées, pour avoir des louanges de la part de nombreux adultes, et
ainsi de suite. Donc bien sûr avec toutes ces façons de mesurer le
succès, de bonnes performances à l'école (lorsqu'elles sont
mesurées avec un classement) prédit un succès à venir.
Nous
sommes constamment bombardés par des statistiques montrant les
corrélations entre les années de scolarisation et les carrières à
succès mesuré par revenu. Mais il y a un tas de raisons qui montre
que ces corrélations n'ont rien à faire avec l'apprentissage. Ici
sont les trois raisons principales.
1.
Nous avons créé un monde dans lequel certains métiers à salaires
élevés, tel que dans le droit, la médecine et l'administration
d'entreprise, requièrent généralement un certain nombre d'années
d'enseignement supérieur. Dans un tel monde, les années de
scolarité sont inévitablement en corrélation avec le revenu.
2.
Nous avons créé un monde dans lequel '' succès '' est plus ou
moins défini par les bonnes notes obtenues pendant l'enfance et par
les revenus élevés obtenus plus tard. Dans un tel monde, les
personnes qui sont fortement motivé par la réussite proposée par
les standards conventionnels, travailleront dur pour obtenir des
notes élevées et travailleront dur pour obtenir beaucoup d'argent
à l'âge adulte. Et voilà, nous avons une corrélation. Et comme
nous avons aussi créé un monde dans lequel très peu de personnes
ont une éducation en dehors des écoles traditionnelles, les
parents et les enfants se retrouvent alors avec très peu d'exemples
qu'ils peuvent observer pour découvrir les formes que le succès
prend par d'autres routes.
3.
Les enfants venant de foyers aisés peuvent se permettre davantage
de scolarité que ceux venant des foyers les plus pauvres, c'est
pourquoi ils vont plus loin dans la scolarité. Les enfants des
foyers aisés ont aussi davantage d'opportunités pour les
professions aux salaires élevés, à cause des connections
familiales et un tas d'autres avantages que n'ont les foyers les
plus pauvres. Tout cela aide ainsi à créer une corrélation entre
les années de scolarité et les revenus en conséquences.
Pour
ces raisons et d'autres, une corrélation d'ensemble entre la
scolarité et le '' succès '' est inévitable dans le monde que
nous avons construit. Il n'y a aucun moyen statistique de savoir
s'il existe une quelconque corrélation avec ce qui est
véritablement appris à l'école.
L'enracinement
de l'entreprise éducative
Une
autre raison qui explique l'inertie qui agit comme un mur face à un
changement réel dans notre système éducatif concerne la nature
massivement enracinée de l'entreprise éducative. Aux États-Unis,
il y a 6,8 millions de personnes qui gagnent actuellement leurs vies
comme enseignant (U.S.
Census Bureau). Contrairement à la croyance populaire,
enseigner est une activité beaucoup mieux payé que ne l'est un
employé de bureau ou qu'un ouvrier qualifié (Greene
& Winters,
2007) et offre de nombreux autres bénéfices qui sont inclus
généralement tel que la sécurité de l'emploi, un plan de
retraite convenable et un grand nombre de temps de vacances. Les
écoles d'éducation, qui prépare les enseignants de l'école
traditionnelle, contiennent une partie énorme de l'esprit
d'entreprise de l'éducation. L'industrie des manuels scolaires est
aussi imposante qu'elle est lucrative. Un changement radical dans
notre système éducatif inquiéterait et probablement fâcherait
tout le mécanisme. De tels changements aboliraient nos besoins en
enseignants et éducateurs tels qu'ils sont aujourd'hui définis.
Ils aboliraient aussi nos besoins d'écoles d'enseignants
traditionnels et la plupart si ce n'est tout nos besoins en manuels
scolaires.
De
nombreuses personnes dans notre culture ont des intérêts
économiques, pas seulement à garder, mais à étendre l'éducation
traditionnelle. Le plus d'heures et d'années nous exigeons aux
jeunes personnes de passer à l'école, le plus nous pouvons
employer des enseignants, des administrateurs d'école, des
professeurs d'éducation et des auteurs et éditeurs de manuels
scolaires.
L'industrie
de l'éducation prospère et se nourrit des petits changements et
des modes. Les nouvelles idées à propos de comment motiver les
enfants, de nouveaux cours et de nouvelles façons d'enseigner les
vieux cours (comme les '' nouvelles, nouvelles, nouvelles
mathématiques ''), tout fournit du travail pour les professeurs
d'éducation et les éditeurs de manuels. Mais un changement
fondamental de la sorte dont j'ai parlé dans les acomptes
précédents de ce blog contrarierait tout.
Le
changement progressif ne fonctionne pas
Une
autre barrière au genre de changement dans la scolarisation dont
j'ai parlé est qu'il ne peut pas se faire progressivement à
l'intérieure d'une école ou dans le système scolaire. Le
changement exige un remplacement de paradigme, de celui où les
enseignants sont en charge d'un processus éducatif à celui dans
lequel chaque étudiant est véritablement en charge de sa propre
éducation. On ne peut pas faire ce changement petit à petit. Aussi
longtemps que l'enseignant met en place le chemin à suivre, peu
importe le nombre de choix qui est offert le long de ce chemin, les
étudiants comprendront qu'il s'agit du boulot de l'enseignant, pas
le leur, de décider de ce qu'il faut apprendre. Aussi longtemps que
les enseignants contrôleront les progrès des étudiants, peu
importe comment ils le font, les étudiants comprendront que leur
boulot est de remplir les attentes de l'enseignant, pas d'établir
et d'aller à la rencontre de leurs propres attentes.
En
fait, l’ajout de choix et une réduction de la clarté dans les
moyens de contrôler à l'intérieur de la scolarisation
traditionnelle peuvent rendre la vie des étudiants encore plus
stressante qu'elle ne l'était. Après ces changements '' libéraux
'', cela donnerait comme travail supplémentaire pour chaque
étudiant de deviner ce que l'enseignant attend d'eux et de deviner
les véritables critères de leur évaluation. L'école devient
alors un exercice de lecture de la pensée. Ma croyance personnelle
est qu'à l'intérieure du système scolaire traditionnel, le moyen
le plus doux pour enseigner est d'être le plus clair possible
concernant les exigences et les critères de manière à ce que les
étudiants puissent remplir ces conditions sans la peur qu'ils
puissent étudier les mauvaises choses.
Vous
ne pouvez pas non plus, à l'intérieur du système scolaire
traditionnel, vous attendre à éliminer les contrôles
progressivement, un cours à la fois. Supposons que vous introduisez
dans le parcours des étudiants un cours qui ne serait pas noté. Ce
que vous découvrirez est que la plupart des étudiants ne feront
rien à ce cours, même s'il le souhaite. Dans un système où les
autres cours sont notés, le cours non contrôlé est alors
considéré comme sans importance. Comment un bon élève pourrait
justifier de consacrer du temps à un cours qui n'est pas noté si
les autres cours sont notés ? De façon à changer la
mentalité, le système entier doit changer.
Comment
le changement se présente
Un
changement fondamental dans l'éducation apparaît néanmoins à
l'extérieure du système scolaire traditionnel. Il apparaît parmi
les groupes de familles qui décident de '' déscolariser '' leurs
enfants (en tout cas, pour une école à la maison qui serait libre,
où il n'y aurait pas de programme ou de contrôle) et parmi les
personnes qui créent des écoles non-écoles, tel que celles modelé
à partir de l'école Sudbury Valley. Les personnes de ces
mouvements établissent entre eux-même de nouveaux comportements et
normes sociales, qui leur permettent de surmonter les barrières des
comportements qui semblaient anormaux pour les autres. Leurs
observations des enfants qui se sont éduqué eux-même les ont mené
à éclaire l'éducation avec une nouvelle lumière, comme quelque
chose à admirer et apprécier mais à ne pas contrôler. Ils ont
commencé à voir de nombreux exemples de personnes qui se sont
éduqués par eux-même librement et joyeusement, à l'extérieur du
système scolaire traditionnel et qui ont été brillants dans leur
vie et dans tous les aspects de ce qui définit le succès. Et les
prophéties auto-réalisées de la scolarisation traditionnelle
furent comprises pour ce qu'elles étaient.
Nous
n'avons pas de raison d'être découragés
à propos du futur de l'éducation. Nous devons simplement prendre
conscience que la réforme réelle
ne prendra pas place à l'intérieure du système scolaire établi.
Elle continuera à apparaître
à l'extérieur de ce système. Le changement progressif qui se
mettra en place est que toujours davantage de personnes opteront pour
une sortie de la scolarisation traditionnelle. Pour permettre que
cela soit possible, nous avons besoin d'être sûr que les personnes
ont le droit légal de se retirer. Sur un niveau politique, cela
devrait être la priorité la plus élevée pour ceux d'entre nous
qui souhaitons un monde dans lequel l'enfant peut se développer
librement et joyeusement, avec l'expérience complète de la
démocratie, des droits et des responsabilités que la démocratie
entraîne.
Publié
le 27 Août 2008 par Peter Gray