dimanche 4 mai 2014

Libre d'apprendre blog 03, Les enfants s'éduquent eux-même 2 : Nous savons tous que c'est vrai pour les jeunes enfants

Les enfants s'éduquent eux-même 2 : Nous savons tous que c'est vrai pour les jeunes enfants
Observer de jeunes enfants apprendre pourrait révolutionner notre vision de l'éducation.
Publié le 23 Juillet 2008 par Peter Gray

Ne vous êtes-vous jamais arrêté pour penser à la façon dont les enfants apprennent pendant les premières années de leur vie, bien avant de commencer l'école, avant que qui que ce soit n'essaye de manière systématique à leur enseigner quelque chose ? Leur apprentissage vient naturellement, il résulte de leurs instincts à jouer, explorer et observer les autres autour d'eux. Mais dire que cela vient naturellement n'est pas dire que cela arrive sans efforts. Les nourrissons et les jeunes enfants mettent une énergie énorme dans leur apprentissage. Leurs capacités pour soutenir une attention, pour les efforts psychiques comme physiques, malgré les barrières et les frustrations qui les submergent sont extraordinaires. La prochaine fois que vous pouvez voir des enfants qui ont moins de cinq ans, asseyez-vous et regardez les un temps. Essayez d'imaginer ce qui se passe dans l'esprit de l'enfant à chaque moment de ses interactions avec le monde. Si vous vous offrez ce luxe, vous obtiendrez une belle surprise. L'expérience pourrez-vous conduire à penser l'éducation sous une nouvelle lumière, une lumière qui brille de l'intérieur de l'enfant plutôt que de l'extérieur.

Ici je vais esquisser un petit peu ce que les psychologues du développement ont appris à propos de l'apprentissage des jeunes enfants. Pour aider à mettre en relation cette connaissance à la pensée sur l'éducation, je vais organiser l'esquisse en catégories : l'éducation physique, linguistique, scientifique et socio-morale.


L'éducation physique

Commençons avec l'apprentissage de la marche. Marcher sur deux jambes est un trait d'espèce typique aux êtres humains. Dans un certain sens, nous sommes née pour ça. Pourtant, même si c'est le cas, cela ne vient pas facilement. Chaque être humain qui vient dans ce monde fait des efforts énormes pour apprendre à marcher.

Je me souviens d'un jour de printemps lorsque mon fils, quelque part vers son premier anniversaire, en était à l'étape où il pouvait marcher en se tenant à quelque chose mais ne pouvais pas faire de pas seul. Nous voyagions ce jour sur un large bateau de tourisme et mon fils à insisté pour passer toute la traversée à marcher sur le pont en me tenant la main. Nous avons passé de nombreuses heures à marcher le long du bateau, me courbant inconfortablement pour que ma main puisse l'atteindre. La motivation était, bien sûr, entièrement la sienne. J'étais simplement un outil pratique, un bâton humain qui marche. J'ai essayé de le persuader de prendre du repos parce que j'en avais besoin, mais il était maître dans l'art de me manipuler pour marcher de nouveau à chaque fois que nous nous arrêtions un moment.

Les chercheurs ont trouvé que le tout petit à son pic d'apprentissage de la marche passaient en moyenne 6 heures par jour à marcher pendant lequel ils faisaient en moyenne 9,000 pas qui les amenaient à voyager la longueur de 29 terrains de football. (Adolph et al., 2003, Child Development, 74, 475-497). Ils n'essayent pas d'aller où que ce soit en particulier ; ils marchent juste pour l'amour de la marche. Ils deviennent particulièrement intéressés dans la marche quand ils sont exposés à une nouvelle sorte de surface. Je suspecte que lors de notre voyage en bateau, mon fils était excité par la marche en partie par le mouvement que faisait le bateau rendant la marche difficile et ajoutant un nouveau challenge stimulant.

Assez tôt à l'étape de marche seul, les enfants tombent souvent et parfois se blessent eux-mêmes, mais ils se relèvent eux-même de nouveau et essayent encore, et encore, et encore, et encore. Après la marche vient la course, le saut, l'escalade, la nage et toutes sortes de nouvelles manières de se déplacer. Nous n'avons pas à enseigner à l'enfant quoi que ce soit et nous n'avons certainement pas à les motiver. Tout ce que nous avons à faire est de fournir un lieu sécurisé et approprié pour leur permettre de pratiquer.

Éducation du langage 

 
Si vous avez déjà essayé d'apprendre un nouveau langage en tant qu'adulte, vous savez à quel point cela est difficile. Il y a des milliers de mots à apprendre et un compte sans fin de règles grammaticales. Et pourtant les enfants maîtrisent leur langue maternelle à l'âge de quatre ans. En fait, les enfants qui grandissent dans une maison bilingue acquièrent deux langues à l'âge de quatre ans et trouve une manière pour les garder distinctes.

Ceux qui sont âgés de quatre ans ne peuvent décrire les règlent grammaticale de leur langue (pas plus que la plupart des adultes), mais leur connaissance implicite des règles est claire dans leurs discours et compréhension. En anglais, ils ajoutent « s » à de nouveaux noms pour les mettre pluriel, ils ajoutent « ed » à de nouveaux verbes pour les mettre au temps passé et manifestent une compréhension des catégories grammaticales (noms, verbes, adjectifs, adverbes et ainsi de suite) dans la construction de nouvelle phrases. Les nourrissons peuvent venir dans ce monde avec quelques compréhensions innées du langage, comme Noam Chomsky l'a longtemps suggéré, mais les mots et règles spécifiques de chaque langue sont différents et ont clairement besoin d'être appris.

Les nourrissons et les jeunes enfants s'éduquent eux-même continuellement sur le langage. Dans les prémisses de la petite enfance ils commencent à avoir une sorte de langue fait de gazouillis, pratiquant les actes moteurs de l'articulation. Avec le temps ils restreignent de plus en plus leurs gazouillis pour se concentrer sur les sons du langage spécifique qu'ils entendent autour d'eux. À l'âge de quelques mois on peut observer chez eux l'attention qu'ils portent au discours des autres et à s'engager dans des activités qui semblent être conçues pour les aider à découvrir ce que les autres disent. Par exemple, ils suivent régulièrement les yeux des enfants et des adultes plus vieux pour voir ce que les autres sont en train de regarder ce qui les aide à deviner ce dont ils parlent. Avec cette stratégie, un tout-petit dans le jardin qui entend quelqu'un dire, « quel beau chrysanthème » a une bonne chance d'identifier comment l'on se réfère à un objet. Entre l'âge de 2 à 17 ans, les jeunes personnes apprennent une moyenne de 60,000 mots (Bloom, 2001, Behavior & Brain Sciences, 24, 1095-1103) ; cela représente presque un nouveau mot toutes les heures depuis qu'ils sont éveillés.

L'apprentissage de la langue, comme celle d'apprendre à marcher est un jeu. C'est absorbant, intense et réalisé pour son propre bien. Les jeunes enfants vont de tous côtés en nommant les choses juste pour l'aspect amusant de les nommer et non pour obtenir une autre récompense. Et alors que les enfants grandissent, leurs jeux de mots deviennent toujours plus sophistiqué, prenant des formes variées telles que des devinettes, des jeux de mots et des rimes. Nous ne pouvons enseigner une langue à l'enfant, la seule chose que nous pouvons faire est de fournir un environnement humain normal dans lequel ils peuvent apprendre et pratiquer, c'est tout. Un environnement dans lequel ils peuvent rentrer en relation avec des personnes qui parlent.

L'éducation à la science

Les jeunes enfants sont énormément curieux à propos de tous les aspects du monde autour d'eux. Même durant leurs premiers jours de vie, les nourrissons passent plus de temps à regarder les nouveaux objets que ceux qu'ils ont déjà vus avant. Jusqu'à l'âge auquel ils ont assez de coordination œil-main pour atteindre et manipuler les objets, ce qu'ils font constamment. À l'âge de six mois, ils examinent chaque objet qu'ils peuvent atteindre de façon qui est conçue parfaitement pour en apprendre à propos de ses propriétés physiques. Ils le presse, le passe de main en main, le regarde de chaque côté, le secoue, le lâche pour regarder ce qui se passe. Et à chaque fois que quelque chose d'intéressant se passe ils essayent de le répéter juste pour prouver que ce n'était pas un coup de chance. Regarder un enfant de six mois en action c'est voir un scientifique.

Le premier but de l'exploration des jeunes enfants est d'apprendre comment contrôler leur environnement. Beaucoup d'expériences ont montré que les nourrissons et les jeunes enfants, en relation avec les objets qu'ils actionnent, sont bien plus intéressé par les objets qu'ils peuvent contrôler sur ceux qu'ils ne peuvent pas. Par exemple, un poste audio qui peut être allumé et éteint à travers un petit effort de leur part est bien plus fascinant que ceux qui s'allument et éteignent seuls ou sous le contrôle d'un adulte. Ils sont particulièrement attirés vers ce genre d'objet pendant la période où ils apprennent à les contrôler. Une fois qu'ils ont appris à contrôler un objet et en ont épuisé toutes les possibilités d'actions, ils tendent vers une perte d'intérêts pour l'objet. C'est pourquoi la boite en carton qui a une sorte de jouet fantaisiste incontrôlable peut alimenter l'intérêt de l'enfant pendant un temps plus long que le font les jouets classiques. 

 
L'impulsion qui permet de découvrir comment les objets fonctionnent et comment les contrôler ne se terminent pas seulement dans la jeune enfance, cela continue aussi longtemps que l'enfant et l'adulte sont libres de suivre leurs propres chemins. Cela a conduit à la fondation de la science. Rien ne détruit plus rapidement un environnement dans lequel l'on dit à tout le monde ce qu'ils doivent faire avec les nouveaux objets et comment le faire. L'aspect amusant de la science réside dans la découverte, pas dans la connaissance qui résulte. Cela est vrai pour chacun d'entre nous, que nous ayons 6 mois explorant un téléphone portable, deux ans explorant une boîte en carton ou un scientifique adulte explorant les propriétés d'une particule physique ou une enzyme. Personne ne se dirige vers la science parce qu'ils aiment que d'autres répondent à leurs questions, ils se dirigent vers la science parce qu'ils aiment découvrir les réponses à leurs propres questions. C'est pourquoi notre méthode standard d’entraînement à la science ne fait pas d'eux des scientifiques. Ceux qui deviennent scientifiques le font en dépit d'un tel entraînement.

L'éducation sociale et morale

Ce qui est encore plus fascinant pour les jeunes enfants que l'environnement physique est l'environnement social. Les enfants sont naturellement attirés vers les autres, plus particulièrement ceux qui sont un peu plus vieux qu'eux-même et un petit peu plus compétent. Ils veulent faire ce que les autres font. Ils veulent aussi jouer avec les autres. Le jeu social est le moyen premier pour l'éducation sociale et morale de chaque enfant.

C'est à travers le jeu que les enfants apprennent à entrer en relation avec les autres. Dans le jeu ils doivent prendre en compte les besoins des autres enfants, apprendre à voir d'autres points de vue, apprendre à faire des compromis, apprendre à négocier avec les différences, apprendre à contrôle leurs propres impulsions, apprendre à plaire aux autres pour les garder comme partenaire de jeu. Ce sont toutes des leçons difficiles et sont parmi les leçons les plus importantes que chacun d'entre nous doit apprendre si nous souhaitons vivre des vies heureuses. Nous ne pouvons pas apprendre ces leçons aux enfants, la seule chose que nous puissions faire est de les laisser jouer avec les autres et les laisser expérimenter par eux-même les conséquences de leurs échecs et succès sociaux. La forte impulsion innée à jouer avec les autres est ce qui motive tous les enfants normaux à travailler dur pour garder une forme de relation de jeux avec les autres. L'échec à entrer en relation termine le jeu et la conséquence naturelle est une expérience d'apprentissage très puissante. Aucun cours ou conseils de mots que nous pouvons fournir ne peut se substituer à une telle expérience. Je ne vais pas élaborer davantage sur ce sujet maintenant. Ce sera le sujet de futurs acomptes.

Que se passe-t-il avec la motivation de l'enfant à l'âge de cinq ou six ans ?

Une fois, alors que mon fils avait sept ans dans une école publique, j'ai fait part à son professeur qu'il semblait avoir beaucoup plus d'intérêt dans l'apprentissage avant que l'école commence, que la motivation qu'il avait maintenant. Sa réponse était un peu comme ça : « Et bien, je suis sûre que vous savez quand tant que psychologue, il s'agit d'un changement du développement naturel. L'enfant par nature est un étudiant spontané quand il est petit mais par la suite devient plus orienté vers des tâches. » 
 
Je peux comprendre d'où vient l'idée qu'elle a. J'ai vu des manuels de psychologie du développement qui divise les unités en accord avec l'âge et parle de la période avant l'école des « années de jeux ». Toutes les discussions qui concernent le jeu sont dans ces premiers chapitres. C'est comme si le jeu stoppait à l'âge de cinq ou de six ans. Les chapitres restants concernent largement les études sur comment l'enfant accomplit les tâches que les adultes leur donnent à réaliser. J'imagine que cette enseignante a lu de tels livres quand elle a pris des cours sur l'éducation. Mais de tels livres présentent une vue déformée de ce qui est naturel. Dans les deux prochains acomptes je présenterais des preuves que lorsque les jeunes enfants au-delà de l'age de cinq ou six ans ont la liberté et les opportunités de suivre leurs propres intérêts, leur impulsion de jeu et d'exploration continue à les motiver aussi fort qu'avant dans des directions et des formes toujours plus sophistiquées d'apprentissage.

--

Vous pouvez participer à cet acompte en partageant vos pensées, avez-vous observé des activités de jeunes enfants qui confirment et rendent comptent des arguments que je présente ici ? Que pensez-vous de cette tendance à vouloir délibérément enseigner aux jeunes enfants et même les tester au jardin d'enfant et la maternelle ? Quelle est votre vue de l'environnement d'apprentissage idéal pour votre enfant ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire