Les enfants s'éduquent eux-même 2 : Nous savons tous que c'est vrai pour les jeunes enfants
Observer de jeunes enfants apprendre pourrait révolutionner notre vision de l'éducation.
Publié
le 23 Juillet 2008 par Peter Gray
Ne
vous êtes-vous jamais arrêté pour penser à la façon dont les
enfants apprennent pendant les premières années de leur vie, bien
avant de commencer l'école, avant que qui que ce soit n'essaye de
manière systématique à leur enseigner quelque chose ? Leur
apprentissage vient naturellement, il résulte de leurs instincts à
jouer, explorer et observer les autres autour d'eux. Mais dire que
cela vient naturellement n'est pas dire que cela arrive sans efforts.
Les nourrissons et les jeunes enfants mettent une énergie énorme
dans leur apprentissage. Leurs capacités pour soutenir une
attention, pour les efforts psychiques comme physiques, malgré les
barrières et les frustrations qui les submergent sont
extraordinaires. La prochaine fois que vous pouvez voir des enfants
qui ont moins de cinq ans, asseyez-vous et regardez les un temps.
Essayez d'imaginer ce qui se passe dans l'esprit de l'enfant à
chaque moment de ses interactions avec le monde. Si vous vous offrez
ce luxe, vous obtiendrez une belle surprise. L'expérience
pourrez-vous conduire à penser l'éducation sous une nouvelle
lumière, une lumière qui brille de l'intérieur de l'enfant plutôt
que de l'extérieur.
Ici
je vais esquisser un petit peu ce que les psychologues du
développement ont appris à propos de l'apprentissage des jeunes
enfants. Pour aider à mettre en relation cette connaissance à la
pensée sur l'éducation, je vais organiser l'esquisse en
catégories : l'éducation physique, linguistique, scientifique
et socio-morale.
L'éducation physique
Commençons avec l'apprentissage de la marche. Marcher sur deux jambes est un trait d'espèce typique aux êtres humains. Dans un certain sens, nous sommes née pour ça. Pourtant, même si c'est le cas, cela ne vient pas facilement. Chaque être humain qui vient dans ce monde fait des efforts énormes pour apprendre à marcher.
Je
me souviens d'un jour de printemps lorsque mon fils, quelque part
vers son premier anniversaire, en était à l'étape où il pouvait
marcher en se tenant à quelque chose mais ne pouvais pas faire de
pas seul. Nous voyagions ce jour sur un large bateau de tourisme et
mon fils à insisté pour passer toute la traversée à marcher sur
le pont en me tenant la main. Nous avons passé de nombreuses heures
à marcher le long du bateau, me courbant inconfortablement pour que
ma main puisse l'atteindre. La motivation était, bien sûr,
entièrement la sienne. J'étais simplement un outil pratique, un
bâton humain qui marche. J'ai essayé de le persuader de prendre du
repos parce que j'en avais besoin, mais il était maître dans l'art
de me manipuler pour marcher de nouveau à chaque fois que nous nous
arrêtions un moment.
Les
chercheurs ont trouvé que le tout petit à son pic d'apprentissage
de la marche passaient en moyenne 6 heures par jour à marcher
pendant lequel ils faisaient en moyenne 9,000 pas qui les amenaient à
voyager la longueur de 29 terrains de football. (Adolph et al.,
2003, Child Development, 74, 475-497). Ils n'essayent pas d'aller
où que ce soit en particulier ; ils marchent juste pour l'amour
de la marche. Ils deviennent particulièrement intéressés dans la
marche quand ils sont exposés à une nouvelle sorte de surface. Je
suspecte que lors de notre voyage en bateau, mon fils était excité
par la marche en partie par le mouvement que faisait le bateau
rendant la marche difficile et ajoutant un nouveau challenge
stimulant.
Assez
tôt à l'étape de marche seul, les enfants tombent souvent et
parfois se blessent eux-mêmes, mais ils se relèvent eux-même de
nouveau et essayent encore, et encore, et encore, et encore. Après
la marche vient la course, le saut, l'escalade, la nage et toutes
sortes de nouvelles manières de se déplacer. Nous n'avons pas à
enseigner à l'enfant quoi que ce soit et nous n'avons certainement
pas à les motiver. Tout ce que nous avons à faire est de fournir un
lieu sécurisé et approprié pour leur permettre de pratiquer.
Éducation
du langage
Si
vous avez déjà essayé d'apprendre un nouveau langage en tant
qu'adulte, vous savez à quel point cela est difficile. Il y a des
milliers de mots à apprendre et un compte sans fin de règles
grammaticales. Et pourtant les enfants maîtrisent leur langue
maternelle à l'âge de quatre ans. En fait, les enfants qui
grandissent dans une maison bilingue acquièrent deux langues à
l'âge de quatre ans et trouve une manière pour les garder
distinctes.
Ceux
qui sont âgés de quatre ans ne peuvent décrire les règlent
grammaticale de leur langue (pas plus que la plupart des adultes),
mais leur connaissance implicite des règles est claire dans leurs
discours et compréhension. En anglais, ils ajoutent « s »
à de nouveaux noms pour les mettre pluriel, ils ajoutent « ed »
à de nouveaux verbes pour les mettre au temps passé et manifestent
une compréhension des catégories grammaticales (noms, verbes,
adjectifs, adverbes et ainsi de suite) dans la construction de
nouvelle phrases. Les nourrissons peuvent venir dans ce monde avec
quelques compréhensions innées du langage, comme Noam Chomsky l'a
longtemps suggéré, mais les mots et règles spécifiques de chaque
langue sont différents et ont clairement besoin d'être appris.
Les
nourrissons et les jeunes enfants s'éduquent eux-même
continuellement sur le langage. Dans les prémisses de la petite
enfance ils commencent à avoir une sorte de langue fait de
gazouillis, pratiquant les actes moteurs de l'articulation. Avec le
temps ils restreignent de plus en plus leurs gazouillis pour se
concentrer sur les sons du langage spécifique qu'ils entendent
autour d'eux. À l'âge de quelques mois on peut observer chez eux
l'attention qu'ils portent au discours des autres et à s'engager
dans des activités qui semblent être conçues pour les aider à
découvrir ce que les autres disent. Par exemple, ils suivent
régulièrement les yeux des enfants et des adultes plus vieux pour
voir ce que les autres sont en train de regarder ce qui les aide à
deviner ce dont ils parlent. Avec cette stratégie, un tout-petit
dans le jardin qui entend quelqu'un dire, « quel beau
chrysanthème » a une bonne chance d'identifier comment l'on se
réfère à un objet. Entre l'âge de 2 à 17 ans, les jeunes
personnes apprennent une moyenne de 60,000 mots (Bloom, 2001,
Behavior & Brain Sciences, 24, 1095-1103) ; cela
représente presque un nouveau mot toutes les heures depuis qu'ils
sont éveillés.
L'apprentissage
de la langue, comme celle d'apprendre à marcher est un jeu. C'est
absorbant, intense et réalisé pour son propre bien. Les jeunes
enfants vont de tous côtés en nommant les choses juste pour
l'aspect amusant de les nommer et non pour obtenir une autre
récompense. Et alors que les enfants grandissent, leurs jeux de mots
deviennent toujours plus sophistiqué, prenant des formes variées
telles que des devinettes, des jeux de mots et des rimes. Nous ne
pouvons enseigner une langue à l'enfant, la seule chose que nous
pouvons faire est de fournir un environnement humain normal dans
lequel ils peuvent apprendre et pratiquer, c'est tout. Un
environnement dans lequel ils peuvent rentrer en relation avec des
personnes qui parlent.
L'éducation
à la science
Les
jeunes enfants sont énormément curieux à propos de tous les
aspects du monde autour d'eux. Même durant leurs premiers jours de
vie, les nourrissons passent plus de temps à regarder les nouveaux
objets que ceux qu'ils ont déjà vus avant. Jusqu'à l'âge auquel
ils ont assez de coordination œil-main pour atteindre et manipuler
les objets, ce qu'ils font constamment. À l'âge de six mois, ils
examinent chaque objet qu'ils peuvent atteindre de façon qui est
conçue parfaitement pour en apprendre à propos de ses propriétés
physiques. Ils le presse, le passe de main en main, le regarde de
chaque côté, le secoue, le lâche pour regarder ce qui se passe. Et
à chaque fois que quelque chose d'intéressant se passe ils essayent
de le répéter juste pour prouver que ce n'était pas un coup de
chance. Regarder un enfant de six mois en action c'est voir un
scientifique.
Le
premier but de l'exploration des jeunes enfants est d'apprendre
comment contrôler leur environnement. Beaucoup d'expériences ont
montré que les nourrissons et les jeunes enfants, en relation avec
les objets qu'ils actionnent, sont bien plus intéressé par les
objets qu'ils peuvent contrôler sur ceux qu'ils ne peuvent pas. Par
exemple, un poste audio qui peut être allumé et éteint à travers
un petit effort de leur part est bien plus fascinant que ceux qui
s'allument et éteignent seuls ou sous le contrôle d'un adulte. Ils
sont particulièrement attirés vers ce genre d'objet pendant la
période où ils apprennent à les contrôler. Une fois qu'ils ont
appris à contrôler un objet et en ont épuisé toutes les
possibilités d'actions, ils tendent vers une perte d'intérêts pour
l'objet. C'est pourquoi la boite en carton qui a une sorte de jouet
fantaisiste incontrôlable peut alimenter l'intérêt de l'enfant
pendant un temps plus long que le font les jouets classiques.
L'impulsion
qui permet de découvrir comment les objets fonctionnent et comment
les contrôler ne se terminent pas seulement dans la jeune enfance,
cela continue aussi longtemps que l'enfant et l'adulte sont libres de
suivre leurs propres chemins. Cela a conduit à la fondation de la
science. Rien ne détruit plus rapidement un environnement dans
lequel l'on dit à tout le monde ce qu'ils doivent faire avec les
nouveaux objets et comment le faire. L'aspect amusant de la science
réside dans la découverte, pas dans la connaissance qui résulte.
Cela est vrai pour chacun d'entre nous, que nous ayons 6 mois
explorant un téléphone portable, deux ans explorant une boîte en
carton ou un scientifique adulte explorant les propriétés d'une
particule physique ou une enzyme. Personne ne se dirige vers la
science parce qu'ils aiment que d'autres répondent à leurs
questions, ils se dirigent vers la science parce qu'ils aiment
découvrir les réponses à leurs propres questions. C'est pourquoi
notre méthode standard d’entraînement à la science ne fait pas
d'eux des scientifiques. Ceux qui deviennent scientifiques le font en
dépit d'un tel entraînement.
L'éducation
sociale et morale
Ce
qui est encore plus fascinant pour les jeunes enfants que
l'environnement physique est l'environnement social. Les enfants sont
naturellement attirés vers les autres, plus particulièrement ceux
qui sont un peu plus vieux qu'eux-même et un petit peu plus
compétent. Ils veulent faire ce que les autres font. Ils veulent
aussi jouer avec les autres. Le jeu social est le moyen premier pour
l'éducation sociale et morale de chaque enfant.
C'est
à travers le jeu que les enfants apprennent à entrer en relation
avec les autres. Dans le jeu ils doivent prendre en compte les
besoins des autres enfants, apprendre à voir d'autres points de vue,
apprendre à faire des compromis, apprendre à négocier avec les
différences, apprendre à contrôle leurs propres impulsions,
apprendre à plaire aux autres pour les garder comme partenaire de
jeu. Ce sont toutes des leçons difficiles et sont parmi les leçons
les plus importantes que chacun d'entre nous doit apprendre si nous
souhaitons vivre des vies heureuses. Nous ne pouvons pas apprendre
ces leçons aux enfants, la seule chose que nous puissions faire est
de les laisser jouer avec les autres et les laisser expérimenter par
eux-même les conséquences de leurs échecs et succès sociaux. La
forte impulsion innée à jouer avec les autres est ce qui motive
tous les enfants normaux à travailler dur pour garder une forme de
relation de jeux avec les autres. L'échec à entrer en relation
termine le jeu et la conséquence naturelle est une expérience
d'apprentissage très puissante. Aucun cours ou conseils de mots que
nous pouvons fournir ne peut se substituer à une telle expérience.
Je ne vais pas élaborer davantage sur ce sujet maintenant. Ce sera
le sujet de futurs acomptes.
Que se passe-t-il avec la motivation de l'enfant à l'âge de cinq ou six ans ?
Une
fois, alors que mon fils avait sept ans dans une école publique,
j'ai fait part à son professeur qu'il semblait avoir beaucoup plus
d'intérêt dans l'apprentissage avant que l'école commence, que la
motivation qu'il avait maintenant. Sa réponse était un peu comme
ça : « Et bien, je suis sûre que vous savez quand tant
que psychologue, il s'agit d'un changement du développement naturel.
L'enfant par nature est un étudiant spontané quand il est petit
mais par la suite devient plus orienté vers des tâches. »
Je
peux comprendre d'où vient l'idée qu'elle a. J'ai vu des manuels de
psychologie du développement qui divise les unités en accord avec
l'âge et parle de la période avant l'école des « années de
jeux ». Toutes les discussions qui concernent le jeu sont dans
ces premiers chapitres. C'est comme si le jeu stoppait à l'âge de
cinq ou de six ans. Les chapitres restants concernent largement les
études sur comment l'enfant accomplit les tâches que les adultes
leur donnent à réaliser. J'imagine que cette enseignante a lu de
tels livres quand elle a pris des cours sur l'éducation. Mais de
tels livres présentent une vue déformée de ce qui est naturel.
Dans les deux prochains acomptes je présenterais des preuves que
lorsque les jeunes enfants au-delà de l'age de cinq ou six ans ont
la liberté et les opportunités de suivre leurs propres intérêts,
leur impulsion de jeu et d'exploration continue à les motiver aussi
fort qu'avant dans des directions et des formes toujours plus
sophistiquées d'apprentissage.
--
Vous
pouvez participer à cet acompte en partageant vos pensées,
avez-vous observé des activités de jeunes enfants qui confirment et
rendent comptent des arguments que je présente ici ? Que
pensez-vous de cette tendance à vouloir délibérément enseigner
aux jeunes enfants et même les tester au jardin d'enfant et la
maternelle ? Quelle est votre vue de l'environnement
d'apprentissage idéal pour votre enfant ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire